INFO & ACTUALITÉ

Armées : Le soldat français un agent polyvalent multi-rôles, bon à tout faire…

mercredi 25 novembre 2020 | Infos et Actualités | 13 commentaires

Quel rôle pour Le soldat français est transformé en agent polyvalent chargé de tout et n’importe quoi !

Rediffusion article du 10/11/2020

En cette veille du 11 novembre, l’historienne* s’inquiète de voir notre armée s’épuiser à assumer des missions hétéroclites sans aucun rapport avec son rôle.

Le 11 novembre rappelle chaque année aux Français le prix payé par ceux qui ont porté, et portent encore, les armes en leur nom. L’hommage rendu aux défunts prend cette année une tonalité particulière alors que le pays traverse des crises multiples et que, sur le sol national, sont à nouveau déployés massivement les militaires de l’opération « Sentinelle ». Que savons-nous de ceux qui patrouillent dans nos rues ?

Que comprenons-nous de la place qu’ils occupent parmi nous ?

Il y a un siècle, la dépouille de celui qu’on nommera désormais « le soldat inconnu » était déposée sous l’Arc de triomphe. Le visiter et l’honorer, c’était visiter et honorer tous ceux qui, dans la diversité immense des expériences vécues, avaient traversé sous l’uniforme français la grande tragédie de la guerre. Héros, martyr ou victime, selon la trilogie décrite par les historiens de la période, le soldat inspirait des engagements politiques faits des mille nuances du patriotisme et du pacifisme. Plaint, décrié ou honoré, le soldat ne pouvait alors être perçu comme autre chose qu’un combattant, destiné à affronter un ennemi désigné par l’autorité politique. C’est d’ailleurs en 1921 que la gendarmerie mobile a été créée pour établir une distinction claire entre l’ordre intérieur et la confrontation avec un ennemi extérieur.

Ce n’était pas un âge d’or, l’époque n’était pas plus heureuse et il serait sans fondement d’éprouver la moindre nostalgie pour un temps qui comportait son lot de déchirements et d’épreuves collectives. Le contraste apparaît cependant saisissant avec ce qu’est, aujourd’hui, la figure du militaire, à nouveau centrale dans notre espace public mais désormais consensuelle et méconnue.

Les expériences opérationnelles récentes, leur médiatisation et la parole publique plus claire des chefs d’état-major puis des responsables politiques ont mis fin à une longue période d’effacement de la finalité combattante de l’engagement militaire, débutée au lendemain de la guerre d’Algérie. Une image renouvelée du militaire a progressivement émergé, bien éloignée de la figure banalisée qu’il était devenu au moment de la professionnalisation, à la fin des années 1990. Un jeune Français qui passe la porte d’un centre de recrutement n’ignore plus que les armées combattent. Plus encore, il revendiquera aujourd’hui, davantage qu’hier, son désir de servir son pays par les armes.

Et pourtant, dans notre pays, le débat public ne cesse de venir brouiller cette réaffirmation progressive d’une image plus cohérente. Au loin, le militaire français fait la guerre et on le sait. Même si l’on en débat assez peu, le mot et ses images laissent entrevoir la complexité de ce que vivent ces soldats confrontés à la violence. Mais ici, sur le sol national, il est, dans des formes nouvelles de mobilisation, une sorte d’agent polyvalent très efficace et compétent vers lequel les politiques ne peuvent s’empêcher de lorgner pour pallier, souvent dans l’urgence, tous les dysfonctionnements de la société.

Au milieu de nous, le militaire français est une figure sans aspérité, capable de jongler, des missions de sécurité intérieure à la réinsertion de la jeunesse en difficulté. Qu’il faille surveiller les stocks de masques pendant une crise sanitaire, et c’est eux que l’on retrouvera devant les hangars, armes à la main. On ne compte plus les propositions de politiques de tout bord envisageant de confier aux armées tout ou partie de chaque classe d’âge à des seules fins socio-éducatives dénuées de tout objectif proprement militaire.

Parce que les militaires sont globalement compétents, ils font bien, et souvent mieux, ce qu’on leur demande de faire. Ceux qui travaillent avec eux s’en félicitent et vantent une organisation certes imparfaite, mais dont les qualités fascinent, par effet de contraste. Les images sont efficaces, leur médiatisation rassure : au moins, « on » fait quelque chose.

Des mobilisations envisagées comme ponctuelles ou marginales se transforment peu à peu en missions pérennes et massives. Leur lien avec l’usage de la force armée contre un ennemi désigné par l’autorité politique, au nom de la communauté nationale, n’apparaît plus clairement. En situation de crise permanente, hormis les principaux intéressés, rares sont ceux qui ont encore le souci de chercher à l’expliciter.

Le brouillage est d’autant plus accentué que les sociétés européennes se voient assaillies par de multiples « menaces ». Le mot est pratique : il permet d’englober des réalités de nature très différente sans qu’on se donne la peine de les distinguer, de les hiérarchiser et de les désigner par des termes justes. Le champ sémantique guerrier sature le débat public. La crise sanitaire est une « guerre » et l’on convoque des « conseils de défense écologique » sans bien savoir quel ennemi il faudrait alors affronter par les armes.

Ceux qui combattent savent la part tragique que contient leur engagement. Honorer les morts du passé et du présent, le 11 novembre, c’est aussi avoir le souci que les réalités qu’ils ont vécues soient comprises quitte à ébranler un peu le consensus qui rend possible ces mobilisations multiformes. Quitte, aussi, par respect pour ceux qui font l’expérience de la guerre, à renoncer à abuser de mots que l’on vide de leur sens.

Les mêmes politiques qui louent le courage de ceux qui combattent au loin ne semblent pas toujours mesurer l’incongruité de leurs enthousiasmes maladroits pour l’emploi tous azimuts des armées sur le sol national. Ils oublient que les vertus militaires qu’ils admirent sont vivaces parce qu’elles sont ordonnées à un rapport très concret avec la mort au jour de la confrontation avec un ennemi violent.

Enfin, malgré tous les mérites de ceux qui remplissent loyalement leurs missions, les dispositifs kaki ainsi déployés, de spectaculaires, deviennent peu à peu routiniers. À moins de franchir encore un cap dans les effectifs mobilisés pour des missions intérieures aux finalités floues, il y a fort à parier qu’elles focalisent de moins en moins les regards et concentrent de moins en moins l’attention. Risquent alors de resurgir, de manière plus visible encore et si ce n’est déjà fait, les causes non résolues de crises que les mésusages du fait militaire ne pourront pas soigner.

Source : Le Figaro – lefigaro.fr / rediffusion www.asafrance.fr / Photo : viaoccitanie.tv

* Bénédicte CHÉRON : Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Institut catholique de Paris, Bénédicte Chéron est spécialiste des relations entre l’armée et la société. Elle a publié plusieurs ouvrages salués par la critique, tels « Pierre Schoendoerffer » (2012, CNRS Éditions) et « Le Soldat méconnu. Les Français et leurs armées : état des lieux » (Armand Colin, 2018).

* * *

Commentaires

13 Commentaires

  1. Cela s’appelle maintenir l’ordre national pour subvenir aux besoins de la république.
    Le 11 novembre rappelle le prix payé par ceux qui ont porté, et portent encore, les armes en leur nom……tout à fait exact.
    Dans les années quarante, nous avons subit les bottes des allemands et ils nous à fallu cinq ans avec l’aide de bien des pays pour les éradiqués partiellement puisque beaucoup ont pris la fuite en argentine, brésil et autres pays réceptionnistes.
    Combien d’années allons-nous mettre aujourd’hui pour remettre en sécurisé la population française ?

  2. Facile à dire Nerval, pas facile de faire…… Depuis la fin de la guerre en Algérie le laxisme à fait que le résultat d’aujourd’hui à engendre des arrivages massifs de réfugier ainsi que des débordements incontrôlables par le ministère de l’intérieur.
    Pour palier aux crimes aux châtiments des infidèles que nous-sommes, nous devons en plus de nos forces de police faire appel à l’opération sentinelle.
    Plus grave encore, nous avons des traitres au sein même de nos institutions qui sans vergogne trahissent la France, tournant le dos au drapeau.
    Que dire de mieux devant une France plus bordélique que jamais….Je me pose la question suivantes que font nos préfets responsables de la sécurité ?
    Qu’en pensent nos généraux d’actives militaires qui se trouvent en grand nombre ?
    Heureusement que le ridicule ne tue plus personne….ne serait ‘il pas possible que la grande muette prenne la parole …j’ai honte pour eux.

  3. Mes chéries en France c’est la dérive complète…… alors que les migrants foutent la merde avec ceux qui les poussent au cul…..Le comble de tout……Darmanin s’en prend aux policier, promet des sanctions ? De quel bord est ‘il ?

  4. Je souhaite que nos soldats œuvrent non pas au sahel mes chez-nous dans l’intérêt, la sécurité des citoyens.
    Concernant notre ministre de l’intérieur, je pense qu’il ne doit pas être dans le même pays que le notre.
    Décidément ; nous n’avons pas de chance…pas les mêmes valeurs Il serait grand temps que le gouvernement le rappelle à l’ordre pour qu’il donne ordre aux préfets de sévir que de sanctionner les policiers qui sont continuellement sous la menace étrangères !!!
    Par la même, il serait bon et utile que nos chefs militaires prenne le droit à la parole pour mettre de l’ordre sur les ignominies qui se déroule en France.
    Bien veau d’avoir des bons résultats au Mali…ils en faut aussi chez la mère patrie.

  5. Gaston
    Tu oublie que le rôle du ministère des Armées est d’assurer la protection du territoire, de la population et des intérêts français.
    J’insiste sur cette fonction stratégique qui consiste à sécuriser le territoire contre tous individus qui représente une menace grave, imminente avec des attentats, des assassinats répétitifs.

  6. Affirmatif ange
    Certains penseront que les militaires polyvalents sont les gendarmes.
    FAUX en AFN il à fallu faire appel à l’armée et principalement aux parachutistes pour faire régner l’ordre.
    Faisons de même, engageons d’abord nos militaires chez-nous avec « un bon chef de bataillon » avant des les envoyés chez les autres.

  7. Je suis de votre avis, les militaires sont les bras armés de la république.
    Ça me rassure de voir des militaires en patrouille dans les rues……bien sur que les opinions différent……je pense qu’ils sont capables d’intervenir en mission sur tous les terrains.
    De toute façon en toute circonstance l’armée à fait ses preuves, reste ceux qui les dirigent et les commandes et qui les mettent à contributions en périodes que celles que nous vivons !!!

  8. Dommage que le général Massu n’est plus de ce monde, sinon le maintiens de l’ordre aurait été vite appliqué dans toutes les villes de France par les T.A.P…..ensuite calme plat pour longtemps !!!

  9. Là mission sentinelle est mission de dissuasion qui porte soutien à la gendarmerie (militaire elle aussi) et aux policiers.
    Pour ceux qui se plaignent de manque de moyens matériels et humains je dirais qu’il est faux de le dire…..
    en fait ce qu’ils manquent ceux sont des politiques à poigne et des hauts fonctionnaires capables de prendre leurs vrais responsabilité…..idem pour les étoilés de la grande muette !!!


  10. L’image du post me ramène 62 ans en arrière…..souvenirs
    Tant que possible avec mes compagnons je rends hommage aux morts….. Malheureusement parmi ceux de ma génération, les rangs se vident.
    Effectivement le soldat inconnu qui repose sous l’Arc de triomphe représente l’ensemble des soldats tombés au champ d’honneur.

  11. Lorsque dans un pays les services policiers ne suffit pas à sécurisé le pays, il est tout à fait normal que l’armée vienne renforcer les forces de l’ordre et si besoin est, d’appliquer la loi martiale.

  12. Manif à Paris contre l’article 24…ne cherchez pas un drapeau Fiançais.
    La racaille dehors.
    Je soutiens nos institutions, notre police et notre armée.
    La France tu l’aime, tu la respecte ou tu la quittes.

  13. Ben oui patriote, la France compte 50.000 morts…..l’Europe 400.000……. L’année 2020 restera gravée à jamais dans nos mémoires
    Après des mois de pandémie…..Plus de visites, plus de liens sociaux, ni loisirs, avec la mort qui plane au-dessus de nos têtes à tous.
    Parait ‘il que tout le monde est à bout……qu’ils disent, sauf pour faire des manifestations avec des drapeaux qui ne sont pas aux couleurs de la France…..

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...