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Barkhane : Contre qui se bat l’armée française au Mali… l’Etat islamique, al-Qaïda ?

mardi 27 octobre 2020 | Infos et Actualités | 4 commentaires

Contre des branches locale de Daech… Contre des groupes liés à al-Qaïda ?

Depuis janvier, l’effort de Barkhane est essentiellement tourné contre l’Etat islamique et pas contre les groupes liés à al-Qaïda, pourtant plus puissants. Le prélude à des négociations ?

L’engagement militaire français au Sahel devrait coûter près d’un milliard d’euros en 2020, soit une hausse de 10 % liée au renforcement des moyens décidé en janvier dernier, face à la dégradation de la situation. Interrogé par les députés mi-octobre, le général Lecointre, chef d’état-major des armées, avance l’estimation prévisionnelle de 911 millions d’euros. L’ensemble des opérations extérieures françaises devrait se situer autour de 1,5 milliard d’euros.

« Je laisserai derrière moi une victoire collective : Serval, bien sûr ! » Lors de son adieu aux armes le 20 octobre, le général Bernard Barrera est revenu sur l’opération terrestre qu’il commandait en 2013, la reconquête du Nord Mali par l’armée française. Sept ans plus tard, et alors que Serval est devenu Barkhane, ses successeurs hésiteront sans doute à emboucher les trompettes de la victoire. Un récent « briefing » de l’état-major des armées (EMA) sur l’opération Barkhane le confirme.

Au Mali, les derniers mois ont été marqués par deux événements importants : un coup d’Etat militaire, le 18 août, qui a renversé le président élu IBK, puis, début octobre, la libération d’environ 200 djihadistes en échange, notamment, de celle de l’otage française Sophie Meryem Pétronin. Parmi eux se trouvent des combattants impliqués dans des actions contre l’armée française. Il a fallu toute l’insistance de la presse pour que l’état-major finisse par évoquer ces deux faits majeurs, non sans embarras… Pas question de dévier de la feuille de route politique du sommet des chefs d’Etat à Pau, en janvier dernier, confirmée à Nouakchott en août.

« Sahelisation ?». « Notre objectif militaire est de mettre les groupes armés terroristes (GAT) à la portée des forces locales », assure un haut gradé. En clair : affaiblir suffisamment les combattants djihadistes pour que les armées des pays du Sahel puissent, un jour, les affronter toutes seules. Parallèlement, il s’agit de « renforcer l’appareil militaire » des Etats de la région dans le cadre d’un « partenariat de combat ». L’objectif est la « sahelisation », un mot désormais répété jusqu’à plus soif.

La « sahelisation » n’est pas, tant s’en faut, une idée nouvelle. Durant la guerre d’Indochine (1946-1954), on parlait déjà de « jaunissement ». Les Américains reprirent l’idée avec la « vietnamisation », l’« irakisation » ou l’« afghanisation », les Français participant d’ailleurs à cette dernière. Ces formules servent essentiellement d’habillage à un désir de retirer ses propres troupes, mais l’histoire récente permet de douter de leur succès.

Les armées estiment à « quelques centaines » les effectifs du « premier cercle » des djihadistes, mais ceux-ci sont divisés en deux groupes ennemis

Quelle est, en effet, la situation sécuritaire sur le terrain, près de huit ans après le début des opérations, le 11 janvier 2013 ? Elle est « contrastée » reconnaît-on diplomatiquement à l’état-major des armées. Les armées estiment à « quelques centaines » les effectifs du « premier cercle » des djihadistes, mais ceux-ci sont divisés en deux groupes ennemis.

Une carte du Mali (que nous ne sommes pas autorisés à reproduire) montre cinq grosses taches, qui occupent une bonne partie du centre et du nord du pays. Ce sont « les zones d’évolution » des « groupes armés terroristes ».

L’une de ces taches est noire. C’est celle de l’Etat islamique du Grand Sahara (EIGS), la branche locale de Daech. Elle est située dans le secteur des trois frontières (Liptako) à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso. C’est contre l’EIGS que se porte l’essentiel de l’action militaire depuis le sommet de Pau. Une opération, impliquant près de 3 000 militaires – dont plus d’une moitié de Français – est en cours dans ce secteur. A l’état-major, on constate « une contraction de la zone de l’EIGS » et une « dispersion » de ses troupes « autour du fleuve Niger ». L’EIGS est « sur le recul » et a subi de « fortes pertes ». Très affaibli, l’EIGS n’est pas anéanti. Mais il n’est plus capable de mener des attaques complexes et meurtrières comme en 2019, estime-t-on.

Ennemi principal. Les quatre autres taches sur la carte, en vert, couvrent le centre vers Mopti, le secteur de Tombouctou, une région au nord de Gao et l’extrême du nord du pays, autour de Tessalit. C’est le domaine du RVIM – les militaires disent « R-vime » – le Rassemblement pour la Victoire de l’Islam et des Musulmans, lié à al-Qaïda. Au cours des derniers mois, le RVIM, également connu sous le nom de GSIM, a affronté l’EIGS les armes à la main.

Le RVIM n’est pas l’ennemi principal de Barkhane. « Notre effort porte clairement sur l’EIGS et on n’est pas centré sur la RVIM » dit-on à l’état-major des armées. « Barkhane n’est pas capable de s’occuper de toutes les taches [figurant sur la carte] même s’il peut y avoir quelques opérations ciblées contre le RVIM », comme la « neutralisation » de Droukdel en juin dernier. Celui-ci était l’un des chefs d’al-Qaïda dans la région.

Aujourd’hui, le vrai patron du RVIM est Iyad Ag Ghali, en bons termes avec l’Algérie et avec lequel une partie du pouvoir malien pourrait négocier. Vu de Paris, Iyad Ag Ghali reste-t-il un « ennemi » ? « Pour moi militaire, oui », répond un officier de haut rang. Et pour les autres ?

Source : lopinion.fr – Jean-Dominique Merchet  /  © Image malisnews.com

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Commentaires

4 Commentaires

  1. L’engagement au Sahel s’éternise trop, un annonciateur de défaite militaire…si nous persistons à nous maintenir sur place, il nous en coutera des millions d’euros.
    Laissons le soin et la responsabilité au chef d’état major français en accord avec le président de la république, la décision de poursuivre / de faire marche arrière.
    Décision pas facile de prendre avec les estimations catastrophique qu’engendre financièrement le Coronavirus.

  2. Au vue des situations conflictuelles avec la Turquie et le mécontentement caricaturier du prophète Mahomet avec certains pays arabes + la pandémie du Covid-19…..ne serait ‘il pas judicieux de nous rétracté pour un certains temps des opérations extérieures françaises aux Sahel ?
    Effectivement plus de sept ans après il ne faut pas s’attendre que la France obtienne une victoire au Mali.
    Serval, Barkhane……maintenant je crains aujourd’hui que la situation s’embourbe.
    Déjà au Mali avec le coup d’état militaire qui à renversé le président IBK. (un de plus en afrqiue)
    Et la libération de plus de 200 djihadistes en échange de la française convertie à l’islam avec à la clé une somme d’argent .

  3. L’engagement militaire au Sahel devrait coûter près d’un milliard d’euros en 2020.
    Une paille…au juste tout cela nous rapporte quoi……de l’admiration des uns, de la sympathie des autres…je dirais rien du tout.
    Après le coup d’État au Mali qui a détrôné le président Ibrahim Boubacar Keïta les soldats de Barkhane devait ‘être au moment des faits dans une position délicate.
    N’oublions pas que nous sommes chez eux à la demande de l’État malien depuis 2013 (7ans) pour faire face à la menace djihadistes qui sont en grande partie des maliens !!!
    Dans les faits actuels des choses et aux yeux de la population qui ne nous aime pas…..ayant pour cause que la France est son ancien colonialiste et aujourd’hui un intrus….
    si le peuple souhaite notre départ de Mali, pourquoi ne demande-t-il pas au gouvernement français de renvoyer tous les jeunes maliens qui se trouvent en France pour qu’ils se battent pour leur pays?

  4. Une fois éncore je n’arrive plus a passer part ma livebox ! !!
    Ça marche unickel deun jours ; ensuite plus rien ne fonctionne.je passe par mesdonnées mobil

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...