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Armement : Service actif pour le Suffren, sous-marin nucléaire d’attaque

jeudi 2 juin 2022 | Infos et Actualités

Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren enfin prêt à être admis au service actif

Quand le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren, premier d’une série qui en comptera six, fut remis à la Marine nationale, en novembre 2020, son admission au service actif promettait de se concrétiser assez rapidement. Du moins après son déploiement de longue durée [DLD], passage obligé pour tous les nouveaux navires. En effet, cette phase, que l’on peut assimiler à une période de garantie, vise à s’assurer que tout fonctionne normalement à bord d’un bâtiment et, surtout, à valider ses capacités militaires. Et ce n’est donc qu’après qu’il pourra entamer sa carrière opérationnelle.

Seulement, et alors que ses essais en mer furent menés en moins de six mois sous la supervision de Naval Group, du CEA, de TechnicAtome et de la Direction générale de l’armement [DGA], qui plus est dans un contexte rendu compliqué par la pandémie de covid-19, le Suffren a connu quelques problèmes techniques durant son DLD, dont une fuite sur l’une de ses turbines. Un souci important car, comme le confia un spécialiste au journal L’Opinion, il « limitait la puissance de manière significative » et donc « les capacités opérationnelles du sous-marin », sauf dans les « phases discrètes ».

Cela étant, il n’y avait rien d’exceptionnel : les phases de tests servent justement à découvrir des problèmes et à y remédier. Cependant, l’admission au service actif du Suffren n’a donc pu être prononcée en novembre 2021, comme prévu… alors que la Marine nationale devait alors se passer du SNA Perle, victime d’un incendie en juin 2020.

Admission au service actif du Suffren

Finalement, il aura fallu attendre huit mois pour ce nouveau sous-marin soit déclaré apte au service. En effet, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, est attendu à Brest, le 3 juin, pour « l’admission au service actif » du Suffren. L’annonce vient d’être faite par le ministère des Armées.

Que la mise en service officielle du Suffren soit effectuée à Brest peut sembler curieux étant donné que les SNA de la Force océanique stratégique [FOST] sont tous basés à Toulon. D’ailleurs, le nouveau sous-marin avait été remis à la Marine nationale par la DGA sur le site de la base varoise.

Le second SNA de la classe Barracuda, le Dugay-Trouin, devrait être mis à l’eau d’ici la fin de l’été prochain. Un préalable avant la divergence de son réacteur. Et, selon la Presse de la Manche, ses premiers essais en mer ne débuteraient qu’en fin d’année, ce qui fait qu’il sera livré à la Marine nationale, au mieux, qu’en 2023.

Pour rappel, les SNA de type Barracuda affichent une longueur de 99 mètres pour un diamètre de 8,8 mètres et un déplacement de 5.300 tonnes en plongée. Ils sont équipés des dernières technologies en matière de capacités sous-marines [automatisation, mât optronique, numérisation, recours à l’intelligence artificielle, etc]. Plus discret que ceux de la classe Rubis, et aussi plus manœuvrables, grâce aux barre en X de leur appareil à gouverner, ils peuvent naviguer à une profondeur supérieure à 300 mètres. Enfin, ils emportent des missiles de croisière navale [MdCN], des missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, des torpilles lourdes filoguidées F-21 et des mines.

Source : Zone Militaire – Laurent Lagneau / Photo : ©Axel Manzano – Marine Nationale
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Le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque de classe Barracuda de la marine française, le Suffren, à quai dans la rade de Toulon, le 6 novembre 2020. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Défense : l’entrée en service du sous-marin Suffren « illustre le renouvellement très attendu des forces sous-marines françaises »

Le Suffren, qui entrera en service actif vendredi, « change la donne » pour la capacité militaire de la France, explique le journaliste Vincent Groizeleau.

Le premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français de nouvelle génération, le Suffren, qui entrera en service actif vendredi 3 juin à Brest, « illustre le renouvellement très attendu des forces sous-marines françaises », a expliqué jeudi 2 juin sur franceinfo Vincent Groizeleau, rédacteur en chef du site meretmarine.com, site spécialisé dans l’actualité maritime. Le Suffren « change la donne » pour la capacité militaire de la France. En termes de dissuasion, « la Marine française re-rentre vraiment dans le meilleur du jeu mondial », souligne Vincent Groizeleau.

En quoi ce sous-marin est-il différent des autres ?

Vincent Groizeleau : Il illustre très clairement le renouvellement très attendu des forces sous-marines françaises. Jusqu’ici, la Marine avait des sous-marins qui datent pour les plus anciens – les sous-marins d’attaque – du début des années 1980. Donc il devenait urgent de les remplacer. Cette nouvelle génération, six nouveaux bâtiments qui vont remplacer les anciens, sont carrément d’une autre gamme. On ne joue vraiment plus dans la même cour. On a des bateaux qui sont plus grands, plus puissants, beaucoup plus discrets, avec plus de capacité d’armement, qui peuvent faire beaucoup plus de choses, par exemple en termes d’opérations spéciales ou en termes d’action vers la terre.

Ce seront les premiers sous-marins français qui disposeront de missiles de croisière, c’est-à-dire qu’en plongée, ils pourront tirer des missiles comme le fameux Tomahawk américain. Là, c’est le MDCN qui est fabriqué par MBDA dans le centre de la France. Ces missiles-là pourront toucher des cibles terrestres à 1 000 km de portée. Donc en zone de sécurité, par exemple en plein milieu de la Méditerranée, le sous-marin pourra tirer des missiles de croisière très loin contre des cibles terrestres. Et ça, c’est vraiment quelque chose qui change la donne. La Marine française n’est pas la seule à disposer de cette capacité. Il y a très peu de marines qui l’ont. Cela va vraiment changer beaucoup de choses.

Est-ce qu’il est déjà opérationnel ?

Il est opérationnel. C’est le premier d’une série. Il faut comprendre qu’un sous-marin nucléaire, c’est à peu près ce que l’homme sait faire de plus compliqué. Il y a une seule chose qui est encore plus compliquée que le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), c’est le sous-marin nucléaire lanceurs d’engins (SNLE). Ce sont les quatre gros sous-marins que l’on a basés à Brest et qui assurent à eux seuls le gros de la dissuasion nucléaire française. Il y en a un en permanence à la mer. À bord, il y a 16 missiles. Ce sont des missiles intercontinentaux avec des têtes nucléaires. C’est ce qui fait que la France a une dissuasion, en plus, évidemment de la composante aérienne de l’armée de l’air ou de la marine sur le Charles de Gaulle.

Le Suffren est très compliqué. Il a fallu beaucoup de temps pour le mettre au point. C’est un bateau qui a été livré à la fin de l’année 2020. Il a fallu des mois pour le mettre au point, faire quelques mesures correctives, vérifier que ses capacités telles qu’elles ont été imaginées il y a plus de 15 ans étaient bien au rendez-vous. Donc oui, maintenant il est prêt à la mission, il est prêt au combat. Et dès demain, il peut partir, que ce soit en Méditerranée, en Atlantique ou à l’autre bout du monde. Parce que l’énorme avantage de ces sous-marins à propulsion nucléaire, c’est leur autonomie. Et comme l’a démontré la Marine nationale l’année dernière, aucune mer ne peut lui échapper. Elle a été capable d’envoyer un SNA dans le Pacifique en 2021. Donc, on peut dès demain envoyer ce bateau où l’on veut.

Est-ce que cela augmente de manière significative la force de dissuasion de la France ?

Dissuasion, oui au sens conventionnel du terme, pas nucléaire, bien évidemment. Parce que ces sous-marins sont à propulsion nucléaire, mais ne portent pas d’armes nucléaires comme les SNLE. Les sous-mariniers ont tendance à dire, il y a deux types de bateaux : les sous-marins et les cibles. Pour un navire de commerce ou un bâtiment militaire, le sous-marin, c’est une hantise, particulièrement ce type de sous-marins de nouvelle génération, extrêmement discrets, très difficilement détectables. Donc là, effectivement, la Marine française re-rentre vraiment dans le meilleur du jeu mondial.

Source : FranceTVinfo.fr / Photo : NICOLAS TUCAT / AFP
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