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EuroSatory 2022 : Le président Macron annonce une « réévaluation » de la loi de programmation militaire

lundi 13 juin 2022 | Infos et Actualités

Macron : l’industrie de la défense doit rentrer dans une « économie de guerre »

Le président de la République Emmanuel Macron a souligné que la guerre en Ukraine obligeait non seulement à revoir la loi de programmation militaire mais aussi à s’interroger sur l’appareil de production de défense de la France et de l’Europe.

Il y avait longtemps que le Salon de l’armement terrestre et aéroterrestre Eurosatory n’avait pas reçu la visite d’un président de la République. Les images guerrières n’étaient pas conseillées par les experts de la communication politique. Mais après quatre mois de guerre de haute intensité sur le sol européen, la donne a changé. Chaque jour, l’Ukraine alerte sur la faiblesse de ses stocks d’armes et demande de l’aide pour résister à la Russie. Et la difficulté des Européens à offrir une aide – dans la durée -, devient un sujet d’inquiétude et de débat.

Aussi le président de la République Emmanuel Macron est venu inaugurer le Salon pour encourager une industrie européenne de la défense plus forte, en avertissant qu’il fallait désormais entrer dans une « économie de guerre ». Les industriels de l’armement ont l’habitude de travailler sur le temps long pour produire des petites quantités, essentiellement de matériel sophistiqué.

Mais l’énorme consommation de munitions en Ukraine et en Russie et l’ampleur des destructions, remettent en question ces petites séries et posent crûment la question des stocks.

Produire plus et moins cher

« On ne peut plus vivre avec la grammaire d’il y a un an », a insisté le président. Et d’ajouter qu’il faudra s’organiser pour produire davantage et moins cher. « Nous n’avons pas attendu les changements stratégiques pour réinvestir dans la défense », a rappelé le chef de l’Etat, mais il faut « aller plus vite, plus fort, au moindre coût », martèle-t-il.

En toute logique, le président a confié au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et au chef d’état-major des Armées, Thierry Burkhard, la tâche de réévaluer dans les semaines qui viennent la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, pour « ajuster les moyens aux menaces ». Paris a augmenté depuis 2017 ses crédits défense pour atteindre 40,9 milliards d’euros en 2022, avec un objectif de 50 milliards d’euros en 2025. L’idée est de vérifier dans un premier temps la hiérarchie des investissements à l’aune du conflit en Ukraine d’ici à 2025, et de relancer une réflexion à l’horizon 2030.

Renforcer la coopération européenne

L’armée française s’enorgueillit d’offrir un « modèle complet » : elle a tout, mais en petit nombre. En artillerie, l’armée française détient ainsi 74 systèmes d’artillerie Caesar. En donnant seulement 12 exemplaires à l’Ukraine , elle se prive de 15 % de son stock ! Une réflexion doit donc être menée sur la constitution et le niveau des stocks, sur les possibilités de réquisitions et sur la possible attribution prioritaire de matériaux en pénurie à des entreprises de défense.

Le renforcement des capacités de défense passe également par davantage de coopération européenne, a longuement insisté le président, qui rêverait d’une « préférence européenne ». On en est loin : Berlin achète en priorité des F-35 et des Chinook avec ses nouveaux moyens. « Dépenser beaucoup pour acheter ailleurs n’est pas une bonne idée », a insisté le président.
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La Commission européenne travaille sur la création de deux fonds afin d’aider les Etats européens à renforcer leur défense, ainsi que sur une possible baisse de TVA pour les achats d’armes européennes. L’un doit simplement aider en urgence les Etats qui ont donné du matériel militaire à l’Ukraine à reconstituer leurs stocks. L’autre doit inciter les 27 Etats membres à des achats groupés, afin de créer des effets d’échelle et de compétitivité pour les industriels européens.

Le sujet taxonomie

« Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne beaucoup plus forte et beaucoup plus exigeante […], sinon nous construirons les dépendances de demain », a insisté le président.

Enfin, au grand plaisir des industriels, il a aussi souligné la contradiction existante entre la volonté de renforcer la défense européenne et les projets de taxonomie de la Commission européenne , qui consisterait à exclure le secteur de l’armement de l’investissement dit « responsable ». Il s’est ainsi engagé à résister à ces projets de législation, qui sont à l’agenda européen.

Source : LesEchos.fr par Anne Bauer / Photo : Jacques Witt – SIPA
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