Armées française : La place de femmes « Engagement et compétence »
Féminisation des armées. « D’abord une question de compétence et d’efficacité »
Deux ans après le lancement de son plan mixité, le ministère des armées a recruté presque 5 % de femmes en plus. Il reste à faire, mais des mesures sont prises pour la progression et l’accompagnement des carrières, la prévention du sexisme, ou l’évolution des barèmes de sélection.
Survoler le lagon turquoise des îles Moucha, ces vigies insulaires ancrées au large de Djibouti, à l’entame du Golfe d’Aden, est un remède radical à la morosité du confinement. Pas de quoi troubler cependant la concentration de l’équipage de l’hélicoptère de manœuvre Puma qui poursuit son ascension jusqu’à 5000 pieds (1, 6 km).
Pour le néophyte, la conversation qui sort dans le casque est une obscure psalmodie de chiffres, d’acronymes et de consignes dites puis répétées. Six membres d’équipages dans la machine, et au sommet de la hiérarchie le commandant de bord est une femme, le lieutenant-colonel Gaëlle, 42 ans, engagées depuis 22 ans pour le drapeau tricolore. ?
« J’ai commencé à l’escadron d’hélicoptères 3/67 Parisis, à Villacoublay. J’ai 2200 heures de vol sur Fennec, et plus de 400 sur Puma », explique celle qui a hésité à ses débuts entre la voilure tournante et chasse aérienne.
Deux chasseurs, justement, des Mirage 2000-5, sont en approche pour un exercice d’interception. Quelques minutes plus tard, équipés de leurs combinaisons et palmes, ce sont les deux « ploufs » qui s’approchent du vide en suivant les consignes du « mec-nav », le mécanicien navigateur soutier.
L’un de ces deux « hommes-grenouilles » est d’ailleurs une femme, l’adjudant Karine, plus de 20 ans de métier, la seule femme brevetée sauveteur-plongeur héliporté (SPH) de l’armée de l’air et de l’espace. L’exercice « search and rescue » (SAR, recherche et sauvetage) s’achève, retour à la base aérienne 188 de Djibouti.
20 % des personnels civils et militaires
Sur cette mission, un tiers de l’équipage était féminin. Bien supérieur au taux moyen aujourd’hui constaté dans les armées, même si les choses progressent. « Avec 16, 1 %, c’est-à-dire 33200 personnels féminins, la France a la quatrième armée la plus féminisée au monde, derrière Israël, la Hongrie et les États-Unis d’Amérique », souligne Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des armées.
En comptant les personnels civils, le taux global passe même à plus de 20 %. « Nous recrutons chaque année entre 20 et 25 000 jeunes. La question de la mixité, au ministère des armées, c’est d’abord une question de compétence et d’efficacité, de talent ». Selon les armes, ça peut-être le jour et la nuit : dans le service de santé des armées (SSA), près de 60 % des personnels militaires sont des femmes, quand c’est le quart dans l’armée de l’air, à peine 15 % dans la marine et 10 % dans l’armée de terre (1).
« Recruter, fidéliser, valoriser »
En mars 2019, la ministre des armées a lancé le « plan mixité », qui affichait trois principales ambitions. « Recruter, donner envie aux jeunes femmes de rejoindre les armées ; fidéliser, donner envie aux femmes de rester dans l’institution ; et mettre en valeur l’image des femmes dans les armées pour valoriser la mixité », rappelle la contre-amirale Anne de Mazieux, haut fonctionnaire à l’égalité des droits (HFED)?, responsable de la mise en œuvre de la politique de mixité pour les personnels militaires et civiles du ministère des armées.
Deux ans après, quels sont les premiers résultats ? « Nous sommes sorties de la phase de stagnation. Les effectifs n’évoluaient pas, voire diminuaient. Depuis 2019, les effectifs féminins ont augmenté de 4, 7 % ». Dans les rangs des généraux, le nombre de femmes a aussi augmenté. Mais plus de 40 ans après Valérie André, la première militaire élevée au rang d’officier général en avril 1976, elles n’en représentent pas encore 10 %.
Prévenir « les faits indélicats du quotidien »
Mais les choses bougent quand même : des femmes plus nombreuses dans les centres d’informations et de recrutement (Cirfa), congé parental moins pénalisant pour l’avancement dans la carrière, contraintes familiales mieux prises en compte pour la préparation des examens et concours, notamment pour l’école de guerre, etc… Le service de santé et l’institut de recherche biomédical des armées se sont aussi penchés sur les barèmes et épreuves sportives de sélection.
En interne, un outil numérique de « sensibilisation et de lutte contre le sexisme ordinaire » a aussi été récemment déployé. « Ce site internet remporte un franc-succès, assure la contre-amirale Anne de Mazieux, C’est un outil pédagogique et didactique, accessible à tout moment, qui a vocation à prévenir les situations en amont, en se concentrant sur les faits indélicats du quotidien ».
Source : Ouest-France.fr – Pascal SIMON / Image : Ministère des armées
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La place des femmes dans l’armée je ne suis pas contre…bien des fois leurs motivations est supérieure à celle des hommes.
Leur engagement pour la France ne date pas d’aujourd’hui
Certaine femmes soldats font la fierté de l’armée de l’air, de mer et des forces terrestres.
Bien sur que cette petite révolution chamboule l’état d’esprit de certains soldats gradés ou pas.
Une bonne chose que tous les postes dans tous les corps d’armées sont ouverts aux femmes….
Pourquoi les autres, pourquoi pas nous…. L’armée israélienne compte un tiers de femmes…ensuite la Hongrie, premier pays européen et les États-Unis…..que des battantes.
Certains diront que l’aptitude physique des femmes est plus défavorable que celle d’un homme… ?
Certes, rien n’empêche le courage de certaines d’entre elles de servir le pays.
44La place des femmes dans les armées
Les questions militaires et l’intégration de citoyens dans des forces armées ont longtemps été considérées comme des domaines réservés à la seule population masculine. Mars, le dieu de la guerre, semblait interdire sa zone d’action aux descendantes deVénus.
Cette vision « sexuée » a durablement marqué nos sociétés qui estimaient que l’envoi d’une femme dans un théâtre d’opérations était incompatible avec la condition féminine. Pourtant, depuis les ama-zones de l’Antiquité,
l’histoire est riche d’exemples de combattantes qui ont défié les préjugés solidement ancrés dans l’imaginaire collectif en prouvant sur les champs de bataille, sur terre comme dans les airs, ainsi que dans les réseaux de résistance et les tâches de soutien médical qu’elles étaient aussi capables de risquer leur vie au service d’une cause et de mettre en œuvre des qualités de bravoure et d’endurance à l’épreuve, voire de chef de guerre.
L’idée selon laquelle la moitié de l’humanité avait été conçue uniquement pour les choses inhérentes à la maternité et à l’entretien du foyer est aujourd’hui dépassée.
L’exigence actuelle des femmes d’être considérées comme des actrices à part entière dans les débats contemporains touche tous les grands sujets, notamment l’institution de la Défense.
Pour mieux saisir la problématique de ce fait de société, il est nécessaire de s’appuyer d’abord sur des données historiques.
Le vent de l’histoire Une symbolique de la femme soldat existe depuis la nuit des temps.
Les premiers faits connus concernent les amazones dont les associations DE LA DÉFENSE péripéties martiales ont été rapportées par les grands auteurs de l’Antiquité (Homère, Hérodote et Eschyle).
Au Moyen-âge, à l’instar de Paris qui glorifie Geneviève pour l’avoir protégée de l’invasion des Huns en 451, de nombreuses cités se réfèrent à des guerrières qui ont combattu pour assurer la liberté des habitants.
Hennebont dans le Morbihan perpétue encore avec ferveur le souvenir de Jeanne de Montfort qui réussit à sauver l’agglomération bretonne en rompant l’encerclement des troupes de Charles de Blois puis en revenant dans le site assiégé avec des renforts militaires conséquents. Beauvais célèbre tous les ans Jeanne Hachette sur la place qui porte son nom et où se tient son imposante statue.
Le chef-lieu du département de l’Oise rappelle ainsi au public que cette guerrière participa activement à la défense de la ville assaillie en 1472 par les hordes de Charles Le Téméraire.
Orléans témoigne toujours sa reconnaissance envers Jeanne d’Arc qui libéra en 1429 la ville occupée par les Anglais.
Dans les convulsions de l’époque, le vent de l’histoire pousse alors les populations à louer les héroïnes locales et à en faire des références historiques.
Sous l’Ancien Régime, les femmes qui veulent combattre sont obligées de se travestir en hommes, car les tables de la loi s’opposent avec obstination à la féminisation de la chose martiale.
Pendant l’époque napoléonienne, la participation des femmes dans
les unités militaires touche essentiellement au soutien de la vie quotidienne du soldat.
Elles occupent les fonctions de vivandières, cantinières et blanchisseuses. Il y a aussi les prostituées dont la présence est acceptée, voire souhaitée, à condition qu’elles soient discrètes.
D’autres femmes ont combattu, mais la plupart sont restées anonymes car elles entraient au service habillées en homme.
Leur identité n’était mise au jour que lorsqu’elles étaient blessées. Bien qu’il n’ait jamais officialisé son accord de voir des femmes soldats,
Napoléon leur a souvent attribué des récompenses de grande valeur (objets de parure) lorsqu’elles avaient accompli un acte de courage.
Mais paradoxalement, le créateur de la Légion d’honneur en 1802n’a jamais gratifié une femme de cette décoration prestigieuse.
La première à recevoir la haute distinction française sera Marie-Angélique Duchemin, veuve Brulon, une combattante des armées de la première République, réformée pour cause de blessure grave en juin 1798 et pensionnaire des Invalides depuis le mois de décembre de la même année.
La brave ne sera décorée qu’en août 1851 par le prince-président Louis Napoléon (futur Napoléon III), soit un demi-siècle après la création de l’Ordre.
Malgré quelques épisodes de reconnaissance de certains faits martiaux au féminin, il faudra attendre la Grande Guerre pour que le souffle de l’histoire ouvre de nouvelles perspectives aux femmes militaires.
La vigueur des mouvements féministes qui réclament la participation des femmes dans les grands Corps de l’État, en particulier la révolte des « suffragettes » britanniques qui exigent le droit de vote, aura des incidences sur l’ouverture de l’institution militaire au personnel féminin.
Au tout début de la Grande Guerre, les premières citoyennes sont recrutées par le Service de santé.
Mais c’est en Angleterre que la mutation reste la plus importante avec la création du Women’s Emergency Corps qui affecte les femmes à des fonctions d’infirmières, de secrétaires, d’opératrices radio, d’ambulancières et de conductrices automobiles.
Dans cette dynamique suivront le Women’s Auxiliary Army Corps et le Queen Alexandra’s Royal ArmyNursing Corps, un service d’infirmières entièrement professionnalisé.
En France, des aides médicales de la Croix-Rouge sont affectées à désunîtes sanitaires militaires.
Ce n’est qu’en 1916 qu’est mise sur pied le Corps des infirmières temporaires qui s’engagent à servir pendant toute la durée du conflit augmentée d’une période de six mois pour soigner les grands blessés.
Dans cette veine humanitaire, il faut également ajouter le service radiologique de l’armée, essentiellement féminin et créé par Marie Curie.
L’illustre chercheuse, deux fois prix Nobel (physique en 1903, chimie en 1911) développe avec sa fille Irène un système efficace de voitures radiologiques (« petites curies »)qui sillonnent le front pour effectuer des radiologies sur les soldats blessés.
À l’arrière, les femmes répondent massivement à l’effort de guerre en remplaçant dans de nombreux secteurs économiques les hommes partis au combat.
Dans l’industrie de guerre, celles que les chroniqueurs ont surnommées les « munitionnâtes » s’appliquent avec ardeur dans les usines de fabrication d’obus.
Le maréchal Joffre leur rend un hommage appuyé qui traduit bien la prise de conscience du haut commandement sur le rôle important de la gent féminine dans la guerre : « Si les femmes qui travaillent dans les usines s’arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre !
Les femmes ont ainsi apporté leur contribution à la victoire finale. Les héroïnes qui ont animé des réseaux de renseignement et d’évasion de soldats alliés ont souvent payé de leur vie leur engagement (la Française Louise de Bettignies, la Belge Gabrielle Petit,l’Anglaise Edith Cavell…).
Certes, toutes ces patriotes n’ont pas servi dans des unités de combat, car la conscience populaire n’était pas encore prête à accepter la féminisation de la guerre.
La participation de représentantes du sexe que certains croyaient « faible » s’est pourtant révélée cruciale dans le soutien moral du « poilu ».
Par ailleurs, le dévouement exemplaire des infirmières pendant le conflit a incontestablement changé le regard des hommes sur cette profession qui n’avait pas reçu la gratitude méritée.
Pendant toute la durée du conflit, les femmes ont ainsi réalisé l’union sacrée avec la population masculine pour servir la patrie en danger.
Au lendemain de la signature de l’Armistice, elles éprouvent donc le besoin d’une reconnaissance de la nation en exigeant le droit de vote et l’accès à une parité plus équitable.
Mais la France qui vient d’être saignée par les nombreuses pertes humaines doit faire face à un problème vital de repeuplement.
La patrie des droits de l’homme a donc un besoin impératif de mères pour reconstruire les cellules familiales.
On revient ainsi à la division sexuée de la société : les hommes au travail et aux postes de responsabilité pour rebâtir l’économie, les femmes au foyer pour rétablir l’équilibre démographique ébranlé par quatre années de cauchemar.
En France, les femmes n’ont donc pas encore accès au suffrage universel, alors qu’elles l’acquièrent en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Union soviétique (1918), en Suède, aux Pays-Bas(1919) et aux États-Unis (1920) (1). Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale, un conflit marqué aussi par maints engagements féminins, pour que les Françaises aient enfin le droit de se rendre aux urnes (ordonnance du21 avril 1944 du Comité français de libération nationale dirigé parle général de Gaulle).
En ce qui concerne la féminisation des armées et en dépit de la persistance de comportements inhérents à une société encore marquée par un machisme rampant, la situation de déblocage reçoit une nouvelle impulsion avec la loi Paul Boncour (juillet1938) portant sur l’organisation de la nation en temps de guerre et autorisant l’engagement de femmes dans les armées.
C’est à Londres qu’est créée, en novembre 1940, la première unité militaire du Corps auxiliaire féminin des forces françaises libres (FFL).
Suivront d’autres entités comme le Corps des auxiliaires féminins de l’Armée de terre(Afat), des sections féminines de la flotte (SFF) et des forces féminines de l’air (FFA) mis sur pied en 1944.
La France entre alors dans une logique de féminisation de son outil militaire. Mais cette mutation, progressive et prudente, est beaucoup plus le fait des pressions féminines que de la volonté des politiques qui se contentent d’accompagner ce mouvement de société.
Des combattantes en uniforme se distinguent sur tous les théâtres d’opération en Europe et en Afrique du Nord.
Ce sont les ambulancières de la 2eDB appelées « Rochambelles », les opératrices des transmissions « Merlinettes » (du nom du général Merlin, commandant des transmissions en AFN), les « Spearettes » (ambulancières britanniques) et les « Marinettes » du 2erégiment blindé de fusiliers marins.
Dans cette thématique, il faut également ajouter les guerrières de l’ombre qui animent les réseaux de résistance (réseau du musée de l’Homme de Germaine Tillion, réseau « Alliance » dirigé(1) Le Wyoming a été le premier État américain à octroyer le droit de vote aux femmes en1869. Suivront d’autres Étatscomme le Colorado en 1893 etla Californie en 1911.
Marie-Madeleine Fourcade…) et du Special Operations Exécutive (SOE) créé par Churchill. À partir de l’Angleterre, le SOE fait entrer clandestinement en France plus de quatre cents agents (dont quarante femmes) sur le territoire français en utilisant toute une gamme de moyens discrets (parachutages de nuit, transports par avion légerou par felouques).
Au total, les femmes ont représenté environ 20 %des résistants français. Pourtant, sur les 1 038 compagnons de la Libération, seules six figurent dans la liste de l’Ordre créé par le général de Gaulle (Émilienne Moreau-Evrard, Simone Michel-Lévy,Bertie Albrecht, Laure Diebold, Marie Hackin, Marcelle Henry).
Les deux guerres mondiales sont ainsi marquées par une montée en puissance de la participation des femmes à l’engage ment militaire.
Cette évolution se confirme pendant les conflits de la décolonisation. En Indochine, les prouesses des combattantes sur le terrain sont rapportées par la première revue féminine de presse militaire Bellone(du nom de la déesse romaine de la guerre).
Les plus belles pages de gloire y sont écrites sur les soignantes, les plieuses de parachutes, les opératrices radio, les reporters de guerre (BrigitteFriang) et surtout les infirmières parachutistes secouristes de l’air(Ipsa).
Dans cette liste non exhaustive, il convient aussi de mentionner le Corps prestigieux des convoyeuses de l’air (Geneviève deGalard) qui, dans des conditions extrêmement périlleuses, met en application le concept des évacuations sanitaires (Evasan).
En Algérie, la participation féminine concerne essentiellement les Sections administratives spécialisées (SAS), les équipes médico-sociales itinérantes (Emsi) et à nouveau les Ipsa et les convoyeuses de l’air.
La société prend conscience du rôle important que les femmes peuvent jouer dans un théâtre d’opérations.
Cependant, il faut attendre la deuxième moitié du XXesiècle pour que les autorités politiques envisagent enfin l’intégration officielle des filles de Marianne dans les forces armées.
La féminisation dans les armées contemporaines Armée de l’air Le pas le plus important dans la voie de la féminisation est effectué par l’Armée de l’air.
En 1945 Charles Tillon, ministre de l’Air dans le gouvernement de Charles de Gaulle, crée un Corps de pilotes militaires féminins dans lequel figurent des aviatrices renommées (Maryse Bastié, Maryse Hilsz, Elisabeth Boselli, Elisabeth Lion).
Leur instruction sur avion de chasse est cependant arrêtée au bout de quelques mois après le départ du ministre de l’Air.
Parmi les promotrices du pilotage d’aéronefs par les femmes figure Valérie André. Cet officier féminin hors norme occupe une place de choix dans le panthéon des valeurs militaires du fait de son engagement en Indochine et en Algérie,
ainsi que de l’extraordinaire diversité de ses compétences mise au service de la médecine, du parachutisme et du pilotage d’hélicoptères, notamment de l’un des premiers engins à voilure tournante (Hiller UH-12) pour effectuer des missions d’évacuation sanitaire dans les zones de guérilla duTonkin.
Avec une bonne dose de sang-froid, un grand souffle d’humanisme et un parfum d’intuition féminine, la doctoresse des airs abattu en brèche un cortège de préjugés sur les possibilités des femmes dans le domaine de l’aéronautique et dans une conjoncture de guerre.
En 1976, Valérie André devient la première militaire française à être nommée au grade de général (médecin-général).
En1976 le concours de l’École de l’air à Salon-de-Provence est ouvert aux femmes. Dix ans plus tard, Isabelle Boussaert devient la première femme pilote de transport dans l’Armée de l’air.
C’est finalement en 1995 que les femmes sont autorisées à devenir pilotes de chasse dans l’Armée de l’air. Le premier brevet féminin de cette spécialité est remis en 1999 à Caroline Aigle. Mais l’impavide poly-technicienne et sportive accomplie (championne de triathlon militaire) est foudroyée par un cancer de la peau à l’âge de 33 ans, en août 2007, après une carrière prometteuse au cours de laquelle elle a notamment commandé une escadrille sur la base de Dijon.
Dans son envol pour l’éternité, Caroline Aigle devient un mythe qui incarne pour toujours le culte de l’obstination féminine. Au moment où la «chevalière du ciel » entreprend son dernier voyage l’aviation militaire française compte quatorze femmes dans la Chasse (dont six navigatrices) et trente-trois dans le transport.
Parmi ces filles d’Icare,Virginie Guyot devient la première femme à intégrer la glorieuse patrouille de France. À cette occasion, les observateurs constatent que ces pilotes féminins ont su préserver leur féminité et ne ressemblent pas du tout à des garçons manqués.
L’évolution de la féminisation dans la Marine s’est avérée plus complexe. Les questions de proximité masculine et d’adaptation des locaux aux matelots féminins ont fait l’objet d’une étude minutieuse. La réflexion a été menée dans les années 90 par un groupe de travail mixte composé de huit officiers (quatre hommes et quatre femmes).
Dans ce laboratoire de recherche humaine figure Chantal Desbordes qui sera le premier officier féminin nommé au grade de contre-amiral en 2002.
L’expérience a été probante. En 1993,le premier commandement au féminin d’un bâtiment de surface (la vedette de surveillance Athos) est confié à Dominique Magne. En2000, le porte-avions Charles-de-Gaulle débute une séquence de féminisation de son personnel. Dans la même dynamique, la Marine permet aux femmes d’accéder à des spécialités de combat qui étaient auparavant uniquement réservées au personnel masculin : pilote d’hélicoptère (la première, Nadine Zanatta en 1992), fusilier commando (2001), pilote de chasse dans l’aéronavale (Julie Stéphan, en 2004). Les écoles de formation ouvrent aussi leurs portes auxfilles : École de maistrance à Brest (1988), École navale à Lanvéoc-Poulmic (1992), École des mousses à Brest (octobre 2009). Au débutdu nouveau millénaire, les femmes peuvent ainsi servir dans tous lespostes en mer, à l’exception des sous-marins. À ce jour, seuls le Canada et la Norvège (2)ont tenté une expérience militaire au fémi-nin sous la surface de l’eau.
Armée de terre La suppression du statut particulier des officiers féminins en1976 et la disparition du terme « féminin » dans les textes officiels placent pour la première fois les deux sexes sur un pied d’égalité dans l’institution militaire.
Désormais, il n’y a plus que des officiers, sous-officiers et militaires du rang sans mention de genre. Toutes les spécialités seront progressivement accessibles aux femmes, notamment dans l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) qui octroie en 1982les premiers brevets de pilotes d’hélicoptères à deux femmes (Anne Dugaleix et Fone Tchoura-Rena).
La mécanique de féminisation de l’Armée de terre mettra toutefois plus de temps à s’imposer à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Longtemps considérée comme un bastion des valeurs viriles, la prestigieuse école de formation d’officiers inaugure la première promotion féminine en 1983 (promotion Lieutenant-colonel Gaucher 1983-1985). L’École polytechnique avait déjà franchi le pas en 1972 et l’École militaire interarmes(EMIA) en 1978. L’intégration des premières filles dans la célèbre enceinte militaire de Coëtquidan a souvent été mal vécue par certains élèves officiers masculins qui voyaient dans cette « intrusion féminine » une entrave à la domination du sexe prétendu fort dans une institution jusque-là réservée aux seuls héritiers de Mars.
Cette attitude de rejet s’explique d’abord par des raisons quantitatives : dans les premières promotions mixtes les filles ne représentaient qu’un pourcentage très faible (moins de 3 %). Cette méfiance (méconnaissance ?) de la gent féminine ne s’est pas manifestée à l’EMIA, l’autre école de(2) La Norvégienne SolveigKrey a commandé en 1995 un bâtiment conçu pour com-battre en plongée.
Coëtquidan et dont les élèves sont en général d’anciens sous-officiers ayant déjà accompli une carrière militaire de quelques années dans des unités où ils ont côtoyé des filles en uniforme. Un tel apprentissage a visiblement manqué aux Saint-Cyriens des années 80 qui intégraient l’ESM sans aucune expérience militaire. C’est ce qui ressort d’une enquête approfondie menée à Coëtquidan sur le thème « Dualité identitaire des femmes élèves officiers des Écoles militaires de Coëtquidan » et publiée en2007 par l’Association française de sociologie.
Les autorités militaires ont pris en compte ce fâcheux dysfonctionnement. L’adaptation à l’évolution des conjonctures restant l’une des qualités majeures de Saint-Cyr, le décalage a finalement progressivement disparu. La situation s’est pleinement normalisée pendant la scolarité de la promotion capitaine Beaumont (2005-2008) qui, avec 34 élèves féminise sur 210, est devenue la plus féminisée. Bien géré dans le temps, cet accommodement a été résumé avec pertinence par le colonel féminin Dominique Vitte, première femme à commander un régiment de l’Armée de terre (18erégiment de transmissions de Bretteville-sur-Odon dans le Calvados à partir de juin 2009), et sortie de Saint-Cyr en 1986 : « La première année, j’ai passé des épreuves sportives différentes de celles de mes camarades masculins, notées avec des barèmes différents. La seconde année, c’étaient des épreuves semblables avec barèmes différents. La troisième année, c’était la même chose pour tout le monde » (3). Effectivement, les élèves officiers féminins participent aux mêmes épreuves et effectuent les mêmes stages (parachutistes et commandos) que leurs camarades masculins.
La Gendarmerie a accompli sa « révolution » féminine au début des années 80 sous l’impulsion de Charles Hernu, alors ministre de la Défense. Les mesures d’intégration qui sont prises progressivement sont le fruit des recommandations d’une commission d’étude et de prospective de la femme militaire. L’accès des femmes dans le Corps des officiers est promulgué en 1983. Six ans plus tard, l’affectation de la première femme officier dans une unité de gendar-merie mobile (1ergroupement blindé de gendarmerie mobile au camp de Satory près de Versailles) bouscule les traditions conservatrices : Isabelle Guion de Méritens (sortie de Saint-Cyr en 1987) devient, en 2006, la première femme colonel de Gendarmerie.
Aujourd’hui, le taux de féminisation le plus élevé touche les GAV, les gendarmes adjoints volontaires, qui ont remplacé les gendarmes adjoints du service national du temps de la conscription.
2009, le taux global de la féminisation dans les armées françaises s’élève à 14,62 % des effectifs militaires (4).C’est l’un des plus élevés au monde avec les États-Unis (5). Il est en hausse constante depuis 1995 où il était inférieur à 10 %. Le Service de santé reste de loin l’ensemble le plus féminisé avec 49,87 % de femmes. Il devance nettement l’Armée de l’air (20,69 %), la Gendarmerie (14,05 %), la Marine (12,83 %) et l’Armée de terre(10,67 %). L’égalité statutaire entre les deux sexes est garantie et il ne subsiste plus aucune restriction d’emploi des femmes dans l’institution de la Défense à l’exception des sous-marins et des escadrons de gendarmerie mobile.
Sur le terrain, le taux de féminisation dans les Opex est de 5,5 %. Le personnel féminin est présent dans tous les théâtres d’opérations, notamment en Afghanistan où il est intégré dans les OMLT (Operational Mentoring and Liaison Team)et leséquipes de Cimic (coopération civilo-militaire). Sa présence se révèle capitale pour amorcer un dialogue avec la population, en particulier avec les Afghanes.
Dans cette « guerre des cœurs » qui consiste à gagner la confiance de la population locale, les soldats féminins représentent un atout majeur. Le nœud de la problématique réside cependant dans la pré-sence féminine dans les postes de combat. Il y a en effet très peu de femmes dans les formations combattantes. La mitraille du champ de bataille demeure un environnement où les filles de Vénus ne sont pas les bienvenues.
Pourtant l’histoire recèle beaucoup de chapitres poignants où des femmes ont revêtu les habits de Mars pour se mêler au feu nourri des affrontements. Dans le prolongement des théâtres, il faut aussi mentionner l’arrière du front qui fournit un soutien capital dans lequel les femmes ont toute leur place. Mais les contempteurs de la féminisation mettent en avant les spécificités biologiques des héritières de Vénus. En particulier, le processus de maternité, qui rend la femme temporairement indisponible, demeure incompatible avec tout engagement opérationnel sur le terrain. Cette réalité doit être prise en considération, mais ne doit pas servir de prétexte pour écarter les femmes de la fonction militaire, car il existe une pléthore de postes où elles peuvent apporter leur complémentarité et se montrer efficaces. En situation de grossesse, la femme entre dans une logique de création de vie. L’inaptitude temporaire qui suit cet événement fait partie d’un cycle conforme à l’ordre naturel. C’est une loi inviolable de notre existence. La socié-té doit admettre cette vérité intrinsèque. Ce principe de sagesse étant établi, il faut reconnaître que le sens de l’effort au service de la patrie peut aussi se conjuguer au féminin.(5) Le cas particulier d’Israël où existe un service militaire obligatoire de 24 mois pour les filles (3 ans pour celles qui choisissent d’être officiers)n’est pas pris en compte. Sont exemptées les femmes mariées ou enceintes.(4) Source : Secrétariat général de l’administration (SGA) qui dépend du ministère de la Défense.
Une dynamique sociologique a été lancée depuis la deuxième moitié du XXesiècle : il y aura de plus en plus de femmes qui accéderont aux responsabilités les plus élevées. Au vu de ce constat, il devient évident que les filles d’Ève ne doivent pas être considérées comme une communauté minoritaire. Pour les esprits tourmentés qui l’auraient oublié, les représentantes du genre féminin constituentl a moitié de l’humanité.
toutefois, l’établissement d’une parité entreles deux sexes n’est pas imaginable dans l’institution militaire. Un tel concept qui tendrait à appliquer une norme égalitaire dés humanisée et démagogique serait inefficace et irait à l’encontre de l’intérêt de celles que l’on veut (et que l’on doit) 0
M.K
Depuis la première la seconde guerre mondiale en endocrine, Algérie et OPEX les femmes dans l’armée ont toujours eu un rôle capital dans les usines d’armements, hôpitaux sur le terrain, dans les airs et à la mer…..bravo mesdames et bonne continuation à vous toutes.
Au moins elles prouvent aux hommes qu’en dessous de la jupette si elles n’en ont pas…..elles ont autant de courage qu’eux et de faire front à toutes éventualité pour le pays..
Je pense que les quotas devraient être plus en augmentation dans la marine et la gendarmerie ?
Il est vrai aussi que l’armée de terre et de l’air offre des variantes de fonctions de pilotes de chasse et d’hélicoptères.
inconnu
commentaire élogieux!!! que dire d’autres.