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G5 Sahel : Opération Barkhane « Une guerre sans fin » ?

lundi 15 février 2021 | Infos et Actualités | 7 commentaires

Opération Barkhane : « On a l’impression d’être confronté à une guerre sans fin »

Les présidents du G5 Sahel et Emmanuel Macron doivent se réunir, ce lundi, lors d’un sommet pour faire le point sur la lutte anti-djihadiste dans la région.

La France est confrontée à des interrogations croissantes sur l’opération Barkhane, financièrement et humainement coûteuse.

Selon un sondage réalisé début janvier, la moitié des Français désapprouvent l’intervention française au Mali. Pour Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri, « l’opération Barkhane a atteint ses limites ».

Restera, restera pas ?

Les présidents du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et Emmanuel Macron doivent s’entretenir, ce lundi, lors d’un sommet pour faire le point sur la lutte antidjihadiste dans la région, où la France intervient depuis 2013 par le biais de l’opération « Barkhane ».

Face aux interrogations croissantes des élus et de l’opinion publique sur l’engagement de la France, financièrement et humainement très coûteux, la question de la poursuite de l’opération pourrait se poser. Quel est l’enjeu de ce sommet ? La France envisage-t-elle de retirer ses troupes ? Pourquoi l’opinion publique est-elle si réticente ? 20 Minutes a interrogé Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri.

Quel est l’enjeu de ce sommet ?

Il est évident que les pays du Sahel espèrent que l’engagement militaire, dont celui de la France, continue et s’intensifie. Côté français, le gouvernement espère que son action sera saluée, mais également que les pays du G5 s’engagent davantage dans la lutte, militairement mais aussi politiquement.
L’opération Barkhane, engagée par la France en 2013, a-t-elle été efficace ?

L’opération Barkhane a atteint ses limites. Si elle avait pleinement rempli son rôle, la France y aurait mis un terme et profiterait du sommet pour annoncer son retrait. Mais au lieu de se réduire, le conflit s’étend géographiquement. Il a commencé en 2013 au nord du Mali, il s’est désormais étendu à l’ensemble du pays, à l’ouest du Niger, au nord du Burkina Faso. On a été incapable de le circonscrire géographiquement.

Au Mali et au nord du Burkina Faso, ce conflit s’est même amplifié et a muté en guerre civile, il y a eu des violences interethniques très importantes ces deux dernières années. On est plus seulement face à un combat de l’armée française contre les djihadistes mais à un théâtre de conflits qui devient pluriel, dont certains remettent en cause l’unité nationale des pays concernés.
La France envisage-t-elle de retirer ses troupes ?

Non, la France ne retira pas l’ensemble de ses troupes mais elle devrait annoncer une réduction purement symbolique, que je qualifie de « cosmétique ». L’annonce de l’envoi de 600 militaires supplémentaires en février dernier, les faisant passer de 4.500 à 5.100, était déjà « cosmétique ». Il se peut même que cette réduction concerne les 600 militaires arrivés dernièrement.

Quelles sont les stratégies de la France ?

La France privilégie deux stratégies. D’abord la « sahélisation », c’est-à-dire le passage du témoin aux armées nationales locales. Il faut que l’action des pays du G5 soit efficace, qu’ils puissent prendre la place de la France, que leurs armées soient opérantes. Pour ça, la France forme l’armée malienne avec l’Union européenne, par le biais de l’EUTM Mali. Ensuite, c’est « l’européanisation » de l’opération avec le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, lancé cet été, auquel participent plusieurs dizaines d’Estoniens, de Tchèques et de Suédois. Il faut que cette force monte en puissance, mais actuellement elle a des effectifs très faibles.

L’armée française revendique d’avoir sérieusement affaibli l’organisation Etat islamique (EI).
L’envoi de troupes supplémentaires a donc eu un effet ?

Visiblement non. Le conflit s’est étendu, ça veut bien dire que la menace est toujours présente. La politique d’élimination ciblée que la France a choisie ne mettra pas fin au djihadisme. On l’a d’ailleurs bien vu au Moyen-Orient ou en Afghanistan. On a tué des djihadistes, mais ils ont immédiatement été remplacés. Ce n’est pas cette politique qui va marcher, elle ne permettra pas de mettre fin au conflit. C’est tout le problème de la lutte contre le djihadisme, et pas uniquement au Sahel, on a l’impression d’être confronté à une guerre sans fin.
Selon un sondage réalisé par l’Ifop début janvier, la moitié des Français désapprouvent l’intervention française. Pourquoi ?

Il y a plusieurs raisons. D’abord, les Français ont l’impression que c’est une guerre sans fin, que cette opération ne résoudra pas le problème. Ensuite, cette intervention est humainement et financièrement très coûteuse. Une cinquantaine de soldats ont été tués depuis 2013. L’opération, quant à elle, coûte plus d’un milliard d’euros chaque année.

Cette opération a également un aspect qui rappelle le néocolonialisme. Au 21e siècle, la France joue encore au gendarme en Afrique. Notre engagement au Sahel a été présenté par les gouvernements comme une opération extérieure, avec un début et une fin. Mais les Français se rendent compte que ce n’est pas une opération, mais une guerre, on est impliqués dans la durée, on ne voit pas de perspective de sortie de cette guerre.

Le dernier point, c’est la lutte contre le terrorisme. Notre engagement au Sahel aurait dû avoir un effet sur la menace terroriste en France. Mais huit ans après, elle est toujours là. Sauf que les dernières attaques terroristes ont été réalisées par des personnes qui n’étaient pas originaires du Sahel, un Russe d’origine tchétchène pour Samuel Paty, un Tunisien pour l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice. Ça pose question pour les gens.

Le terrorisme au Sahel est-il vraiment une menace pour la France ?

Source : 20minutes.fr – Manon Aublanc / Image : Pascal Guyot – AFP
Interview de Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri estime que « l’opération Barkhane a atteint ses limites »

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Commentaires

7 Commentaires

  1. On a l’impression d’être confronté à une guerre sans fin…..
    Enfin ils prennent conscience…surtout macron…qui flambe sec les deniers des contribuables !!!

  2. Coute que coute il fau sortir du pétrin qui dure depuis 2013.
    Barkhane un dispositif de 5500 militaires qui a pris aux opérations avec matériels et armements.
    Malgré les tueries la population ne supporte plus la présence française…les casques bleus déployés sont de simples spectateurs impuissants.
    Harcelés de jours comme de nuit, par les djihadistes, ils ne quittent guère leurs guitounes
    Les forces maliennes peinent à s’imposer sur le terrain.
    Il existerait des accords de paix entre l’Etat malien avec Al Qaeda ?
    Si cela est vrai, un accord se scelle par une poigner de main , un bras d’honneur pour les autres.

  3. Çà confirme les sondages d’une bonne partie des Français qui désapprouvent nos interventions en souhaitant notre départ du mali.
    Pour combattre dans cet immense territoire, débusquer toutes la vermine qui se cache, il faudrait plusieurs divisions pour ratisser au peigne-fin.
    Je pense que nous ne pouvons faire mieux avec 5500homes et femmes qui plus est, avec une population hostile sur le dos !!!
    Nous ne pouvons faire plus ….partons avec ls honneurs.

  4. Je ne doute pas de la bonne volonté de notre président Macron de vouloir décapiter les djhiadistes au Sahel.

    L’armée française avait réussi cet exploit militaire en fin 1962 contre les fellagas d’Algérie.

    Trahie par le pouvoir présidentiel de l’époque, voilà les résultats soixante ans après, les OPEX recommence la guerre avec les mêmes avec plus de moyens certes, en insuffisance humaines .!!!

    La grande réunion des vat-en –guerre du G5 discutent beaucoup sur la situation, sans pour cela venir plus en aide à la force Barkhane.

    A mon avis je crains que nous allions tous payer cher le laxisme de 60 années de relâche !!!

  5. Tout à fait C-18
    Pour commencer employons les moyens techniques de contre guérillas…. Se vêtir comme eux….en cas d’accrochage mettre des brassards de reconnaissance multi-couleurs …..etc….
    Puisqu’ils ne connaissent que leur dieu et rien d’autre…..Mettre les droits de Lhomme et internationaux aux oubliettes en frappant tout azimut et bombardant au napalm pour les rôtir .

  6. Quelle brute épaisse le delta43 !!! Au moins il ne badine pas le camarade !!!
    Je serais curieux de connaitre le point de vue des soldats et des familles ?

  7. A court terme une guerre ça va mais a long terme elle est perdu d’avance pour ceux qui l’encage.
    Autres chose, Autant pour nous que pour le peuple malien, Je ne vois pas de sortie heureuse !!!
    En son temps de gloire Sarkozy voulait utiliser le karcher dans les quartiers ….. Dans les quartiers, la merde persiste, les trafics plus encore !!!
    Macron pense décapiter les tètes des djhiadistes….il ne décapitera personne…je lui conseille de faire attention !!!

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...