Résistance : Liberté !
Résistance : Liberté !
MESSAGE DE PATRICIA MIRALLES, SECRÉTAIRE D’ÉTAT AUPRÈS DU MINISTRE DES ARMÉES,
CHARGÉE DES ANCIENS COMBATTANTS ET DE LA MÉMOIRE
Journée nationale de la Résistance
Les femmes et les hommes que nous honorons aujourd’hui ont pris tous les risques, bravé la plus barbare des répressions, accepté la mort, pour incarner les valeurs de la France quand elle avait un genou à terre et ainsi sauver l’honneur et l’avenir de notre Nation.
Alors que certains avaient choisi les ténèbres de la collaboration avec l’occupant allemand, ils furent plusieurs centaines de milliers à entretenir la flamme de la Liberté. Ils furent plusieurs dizaines de milliers à mourir pour la France, sous la torture, au combat, fusillés, décapités, déportés.
« Les rides qui fanaient le visage de la Patrie, les morts de la France combattante les avaient effacées ; les larmes d’impuissance qu’elle versait, ils les avaient essuyées ; les fautes dont le poids la courbait, ils les avaient rachetées. » pouvait ainsi déclarer Pierre Brossolette, le 18 juin 1943.
C’est en souvenir d’eux, comme de leurs sœurs et de leurs frères d’arme qui survécurent, que la Nation se recueille aujourd’hui. Nous ne les oublions pas.
Les combats des Résistants mirent à mal l’armée d’occupation, préparèrent la Libération et permirent d’entretenir l’espoir. Des Français, plongés dans l’effroi d’une occupation féroce, dans l’attentisme ou dans les fausses promesses de Vichy ont trouvé, dans l’exemple des Résistants, le courage individuel d’entrer dans la voie de l’action. En rejoignant les maquis, en transportant armes et messages, en organisant des évasions, en accueillant évadés et persécutés, en transmettant à Londres ou à Alger les renseignements sur les mouvements de l’occupant, en distribuant tracts et journaux, en dessinant sur les murs la croix de Lorraine et le V de la Victoire entrelacés, illustrant en actes le poème de Paul Eluard :
« Sur mes refuges éteints,
Sur mes phares écroulés,
Sur les murs de mon ennui,
J’écris ton nom.
Liberté ».
La Résistance, c’est aussi un hymne, Le chant des Partisans, créé il y a 80 ans. C’est « le vol noir des corbeaux sur la plaine », c’est « les cris sourds du pays qu’on enchaîne », auxquels répond l’espérance, la certitude même, de la Victoire finale : « Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute ».
Cette journée d’hommage est aussi celle d’un anniversaire : celui de la création du Conseil national de la Résistance.
Le 27 mai 1943, 17 résistants se rassemblaient clandestinement rue du Four à Paris pour transcender leurs différences et unifier les organisations combattantes, politiques, syndicales.
Ils s’appelaient Jean Moulin, Pierre Villon, Jacques-Henri Simon, Roger Coquoin, Jacques Lecompte-Boinet, Charles Laurent, Claude Bourdet, Pascal Copeau, Eugène Claudius-Petit, André Mercier, André Le Troquer, Georges Bidault, Marc Rucart, Joseph Laniel, Jacques Debû-Bridel, Louis Saillant, Gaston Tessier, bientôt rejoints par Ginette Cros.
S’unissaient ainsi, à travers leurs représentants, les grands mouvements résistants des zones Nord et Sud ; les principaux partis politiques opposés à l’occupant et à Vichy : le Parti Communiste, la SFIO, le parti radical, le parti démocrate populaire, l’Alliance démocratique et la Fédération républicaine ; les syndicats : la CGT et la CFTC.
L’union de ces hommes aux convictions si différentes fut une étape déterminante du changement promis quelques mois auparavant par le Général de Gaulle, cette « révolution que la France trahie par ses dirigeants et ses privilégiés avait commencé d’accomplir ».
En ce 80e anniversaire de la réunion de la rue du Four et de la création du Conseil national de la Résistance, ils seront tous réunis dans un même hommage, par le fleurissement simultané de leurs sépultures.
A Paris, dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis, en Côte d’Or, dans la Loire, l’Eure, la Drôme, le Calvados, les Yvelines, la Sarthe, dans le Val-de-Marne, dans tous les départements où ils sont inhumés, des gerbes sont déposées sur leurs tombes aujourd’hui. Pour deux d’entre eux que la barbarie nazie laissa sans même une sépulture, c’est au pied d’une plaque en leur hommage qu’ils seront honorés.
Partout où ils reposent ou bien vivent encore, partout dans notre pays, souvenons-nous du combat déterminé et héroïque des Résistants pour sauver la France, pour faire vivre sa devise Liberté, Egalité, Fraternité. Souvenons-nous du pacte social et républicain qu’ils construisirent du plus profond de l’oppression et qui continue aujourd’hui d’assurer la cohésion de la Nation.
Vive la République !
Vive la France !
Source : Centre media du ministère des Armées – DICoD / Photo : Fresque classe de CM2, Ecole Marcel Pagnol 06 – marcel-pagnol.websco.fr
~ FNCV, Actualité et revue de presse ~
Voir aussi : Sources et références…
https://dicod.hosting.augure.com/Augure_Dicod/default.ashx?WCI=EmailViewer&id={bb5b31f5-7411-48db-9a96-238754898faa}
https://www.francebleu.fr/infos/education/journee-nationale-de-la-resistance-les-eleves-d-une-ecole-de-dordogne-rendent-hommage-a-andre-boissiere-1474710
https://www.ladepeche.fr/2023/05/27/tarbes-la-jeunesse-associee-a-la-journee-nationale-de-la-resistance-11223845.php
Histoire : https://www.defense.gouv.fr/sga/actualites/journee-nationale-resistance
Source : France Culture / Vidéo : Liberté de Paul Éluard, du poème d’amour à l’hymne de la Résistance
~ FNCV, Actualité et revue de presse ~
Voir aussi : Sources et références…
https://www.radiofrance.fr/franceculture/liberte-poeme-d-amour-devenu-hymne-de-la-resistance-6381620
Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
« Poésie et vérité »
1942 – recueil clandestin
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