Défense : « Longtemps, la dissuasion nucléaire française n’a pas été crédible» !

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Défense : « Longtemps, la dissuasion nucléaire française n’a pas été crédible» !

« On suppose que la construction d’arsenaux nucléaires répond à une stratégie bien définie. Sous De Gaulle, cela n’a pas été le cas »

Deux chercheurs français, Benoît Pelopidas et Sébastien Philippe, remettent en cause le récit généralement admis sur les débuts de la dissuasion nucléaire en France. Dans un article universitaire paru dans la revue Cold War History, consacré à la période 1956-1974, ils affirment que la bombe atomique était, contrairement au discours d’aujourd’hui, « unfit for purpose » – inapte à son objectif –au moins jusqu’en 1974.

Sur quels éléments nouveaux fondez-vous votre démonstration, qui semble donner raison à ceux qui parlaient alors de la « bombinette » ?

Les critiques de la crédibilité de la force de frappe, et notamment des performances du bombardier Mirage IV, avaient en effet raison. Nous pouvons aujourd’hui évaluer leur jugement avec des éléments dont ils ne disposaient pas à l’époque. Pour cela, nous nous appuyons sur des sources primaires inédites et une nouvelle analyse technique de la performance des systèmes d’armes déployés. En matière d’archives, ce sont 1300 pages d’entretiens conduits par l’amiral Marcel Duval avec les participants au programme nucléaire français, des archives inédites aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sur l’évaluation du programme français par les Alliés et des entretiens avec des militaires. Cette combinaison d’un travail d’archive et de l’analyse technique montre que les performances de l’arsenal effectivement déployé jusqu’en 1974 ne lui permettaient pas d’accomplir la mission qui lui était assignée et qu’elles ne correspondaient ni à la doctrine ni au discours de la « dissuasion tous azimuts » [la capacité de frapper où l’on veut] et de l’indépendance stratégique.

Que s’est-il passé en 1974 pour que les choses changent ?

Nous ne disons pas que tout a changé à cette date. En 1974, le troisième sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) est entré en service, ce qui ouvrait la possibilité d’une permanence à la mer pour l’arsenal nucléaire français. Cette même année, les missiles sol-sol Pluton remplacent les Honest John de fabrication américaine et l’Otan reconnaît la contribution de l’arsenal français à la capacité de dissuasion de l’alliance. Nous avons toutefois trouvé dans les archives de l’amiral Duval un indice suggérant que la permanence à la mer n’est pas encore atteinte. Un haut gradé lui a en effet affirmé que jusqu’en août 1976, il y avait 1,9 sous-marin disponible à tout moment, soit pas encore les deux nécessaires à la permanence à la mer. Enfin les performances des premiers SNLE de la classe Redoutable équipés de missiles M1, M2 puis M20 n’ont pas encore fait, à notre connaissance, l’objet d’études approfondies.

«Le récit triomphaliste selon lequel la force de frappe correspondait dès l’origine à une stratégie cohérente, crédible et efficace est faux. Dès lors, l’annonce récente de la construction de nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, dont les équipages ne sont pas encore nés et le coût est secret, laisse songeur»

Vous insistez sur le fait que des programmes militaires majeurs ont été lancés sans beaucoup de réflexion stratégique, et qu’ensuite seulement on s’est préoccupé de concevoir une doctrine ! Comment cela s’est-il passé ?

On suppose en général que la construction et le déploiement d’arsenaux nucléaires répondent à une stratégie qui est communiquée à l’ennemi potentiel sous forme de doctrine. Cela voudrait dire que 1) on fixe les objectifs avant les moyens qui les servent, 2) ces moyens, des systèmes d’armes, correspondent effectivement à ces objectifs et 3) la doctrine communique ce lien entre les fins et les moyens. Or nous montrons que l’histoire nucléaire française ne correspond à aucun de ces trois critères. Au moment où les contrats ont été signés, il n’y avait pas de doctrine. Ce n’est d’ailleurs pas une spécificité française, car cette inadéquation entre l’arsenal déployé et les doctrines nucléaires a également été établie dans le cas des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union soviétique. Les doctrines sont apposées a posteriori. L’arsenal correspondant au « tous azimuts » n’est pas là en 1974 et l’on ignore à partir de quand il est devenu une réalité. Prenons un exemple : le système de guidage inertiel des missiles S2 du plateau d’Albion ne pouvait pas être aligné au-delà de +/- 60° de la cible première. En d’autres termes, seule l’Union soviétique pouvait être la cible.

Ce décalage entre les moyens et les discours existe-t-il toujours aujourd’hui ?

Pour 2021, le travail reste à faire mais il est important d’observer que le récit triomphaliste selon lequel la force de frappe correspondait dès l’origine à une stratégie cohérente, crédible et efficace depuis l’entrée en service des premières escadrilles de Mirage IV en 1964 est tout simplement faux, au moins jusqu’en 1974. Dès lors, l’annonce récente de la ministre des Armées, Florence Parly, sur la construction de nouveaux SNLE de 3e génération, « assurances-vie de la Nation » qui pourraient naviguer jusqu’en 2090, dont les équipages ne sont pas encore nés et dont le coût est secret, laisse songeur. Nous serions curieux de connaître les prédictions stratégiques du ministère pour le XXIe siècle, comment elles sont formulées et qui en prend la responsabilité.

De quelle aide américaine et britannique la France a-t-elle bénéficié pour créer sa « force de frappe » ?

Tout au long du programme nucléaire militaire français, la coopération avec les Etats-Unis a été importante sur presque tous les aspects, moins avec la Grande-Bretagne. Dans notre article, nous nous sommes focalisés sur l’aide apportée à la réalisation ou à la mise en œuvre des premiers vecteurs mais la liste est bien plus longue ! Pour le Mirage IV, il y a eu la vente d’un avion ravitailleur Boeing C-135 pour en augmenter le rayon d’action, mais aussi l’aide au développement de contre-mesures électroniques pour pénétrer l’espace aérien soviétique, ainsi que le partage d’information sur la position des batteries antiaériennes. En gros, tout ce qui était nécessaire pour pouvoir remplir la mission, au moins sur le papier. Pour les missiles, nous avons bénéficié par exemple de transferts technologiques et de connaissances pour réaliser leur système de navigation.

Vous affirmez que les Soviétiques ne prenaient pas vraiment au sérieux la menace française. Quels dégâts la force de frappe pouvait-elle causer sur le territoire soviétique ?

Le général de Gaulle avait posé comme critère de sanctuarisation du territoire par la dissuasion la capacité de tuer autant de Russes que de Français en cas de guerre nucléaire, soit plus de 30 millions de personnes. D’après notre analyse, la capacité de destruction du Mirage IV était 100 à 1000 fois moindres ! Cela dépend bien sûr des conditions de la mission et du nombre d’avions qui auraient pu atteindre leur but – selon le renseignement britannique, un ou deux tout au plus. Pour les missiles S2 du plateau d’Albion, cela dépendait des conditions d’emploi, en premier ou en second. A l’époque, ces missiles étaient vulnérables aux impulsions électromagnétiques et il n’y avait pas de système d’alerte qui permettait de les lancer avant une frappe soviétique. Nos alliés les considéraient très vulnérables, et ayant peu de chance de survivre. Mais même en partant du principe que tous auraient pu être lancés et atteindre leur cible, ils ne pouvaient remplir l’objectif fixé par de Gaulle.
«On suppose fréquemment que la force de frappe française est indépendante depuis l’origine. C’est inexact. Ainsi, la mission d’origine consistait en une attaque conjointe avec les alliés américains et britanniques sur vingt villes soviétiques, dont deux auraient été visées par les Français»

Dans votre article, vous parlez de « posture catalytique » et de « stratégie du détonateur » (trigger strategy) à propos de la dissuasion voulue par le général de Gaulle. De quoi s’agit-il ?

Des lettres de l’ambassadeur de France aux Etats-Unis, Hervé Alphand, au ministre des Affaires étrangères de l’époque, Maurice Couve de Murville, ainsi qu’une note secrète de De Gaulle de la période 1962-1963 montrent que l’effet attendu de la dissuasion nucléaire française consistait à déclencher l’emploi des armes nucléaires américaines sans que les Américains soient consultés. Nous sommes donc bien loin de l’idée d’autonomie et de souveraineté nucléaire et bien plus proches de la « théorie du détonateur » ou d’une posture catalytique. Contrairement à l’idée selon laquelle les conceptions souverainistes de l’armement nucléaire du général Gallois rendraient compte de l’histoire nucléaire française, on peut ainsi établir une plus grande dépendance à l’égard des Alliés. On suppose fréquemment que la force de frappe française est indépendante depuis l’origine. C’est inexact. Ainsi, la mission d’origine qui justifiait le choix des Mirages IV (porteurs de la « bombe ») consistait en une attaque conjointe avec les alliés américains et britanniques sur vingt villes soviétiques – dont nous fournissons la liste et dont deux auraient été visées par les forces françaises. Dans une note du 21 avril 1959, le chef d’état-major de l’armée de l’air expliquait qu’il faudrait 40 bombardiers stratégiques pour remplir cette mission et 316 pour attaquer seuls… Or nous ne construirons, au départ, que 36 avions, avec un rayon d’action est bien plus faible que prévu. À partir de plan de vols et de données techniques, nous montrons qu’ils étaient incapables d’atteindre Moscou.

Mais finalement, le général de Gaulle a-t-il eu tort ? Son « bluff » n’a-t-il pas, au contraire, bien fonctionné ?

Si par bluff on entend la capacité de faire croire à la crédibilité de la force de frappe française, les sources inédites que nous avons découvertes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis montrent que les services de renseignement et stratégistes alliés n’y croyaient pas. Les éléments que nous avons trouvés quant à l’Union soviétique vont dans le même sens. Non, le bluff n’a pas marché, quelle que soit la façon dont on mesure la crédibilité. Mais l’idée d’un bluff du général de Gaulle suppose qu’il avait une stratégie claire et cohérente et que ses demandes étaient suivies à la lettre. Si l’on combine l’étude des archives françaises et celle des arsenaux construits, on réalise vite, comme le disaient déjà Raymond Aron et quelques autres, que de Gaulle a des propos vagues et parfois contradictoires, notamment sur les critères de la crédibilité de la dissuasion. Le mythe du grand stratège nucléaire ne tient pas. Si l’on pense de Gaulle comme le stratège du « tous azimuts », l’arsenal correspondant à cette doctrine n’a pas été construit sur cette période. Celui du chef auquel on obéit ne tient pas davantage. D’ailleurs, comme il le dit à son ministre Alain Peyrefitte, ses préférences sur l’arsenal ne sont pas toujours suivies. Si ce bluff n’était pas à vocation stratégique ou militaire, le problème à prendre au sérieux reste celui des effets en politique intérieure.

Pourquoi avoir raconté tout ça aux Français ?

Source : Lopinion.fr – Jean-Dominique Merchet / Image : Marine nationale

Benoît Pelopidas est fondateur du programme d’études des savoirs nucléaires à Sciences Po (CERI). Il prépare un ouvrage sur la dissuasion française.
Sébastien Philippe, ingénieur, est enseignant-chercheur à l’Université de Princeton, et chercheur associé au CERI.

 

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Tous vaccinés ! Le porte-avions Charles de Gaulle repart en mission…

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Tous vaccinés ! Le porte-avions Charles de Gaulle repart en mission…

Mission « Clemenceau 21 » pour le CDG

Dans les prochains jours, le porte-avions Charles de Gaulle appareillera de Toulon avec ses escorteurs et le groupe aérien embarqué : ce départ marquera le début de la mission « Clemenceau 21 ».

Cette mission avait été annoncée par la ministre des Armées, Florence Parly, devant la représentation nationale le 12 janvier dernier : « La prochaine mission du porte-avions Charles de Gaulle sera de renforcer notre dispositif dans le cadre de l’opération Chammal. Le groupe aéronaval se déploiera donc au premier semestre 2021 en Méditerranée et dans l’océan Indien. Et cet engagement démontre, s’il en était besoin, notre volonté de lutter en permanence et sans conditions contre le terrorisme. »

Le groupe aéronaval est composé : du porte-avions Charles de Gaulle, du groupe aérien embarqué (20 chasseurs Rafale et de deux avions de guet-aérien E-2C Hawkeye) de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, de la Frégate multi-missions (FREMM) Provence renforcée temporairement par l’Auvergne, de la frégate belge Léopold 1er, de la frégate grecque Kanaris, du destroyer américain USS Porter, d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et du bâtiment de commandement et de ravitaillement Var.

Lutte contre le terrorisme au cœur de l’engagement.

Le groupe aéronaval sera déployé pendant plusieurs mois, en mer Méditerranée puis en océan Indien et dans le golfe arabo-persique dans le cadre de la mission « Clemenceau 21 ». La lutte contre le terrorisme constituera le cœur de son engagement.

Aux côtés de ses alliés, la France reste pleinement engagée dans la lutte contre la menace terroriste au Levant. Le groupe aéronaval sera ainsi intégré à l’opération Chammal, depuis le Golfe arabo-persique et la Méditerranée orientale. Il renforcera les quelques 600 militaires actuellement au Levant, au sein de la Coalition internationale Inherent Resolve pour lutter contre Daech. Depuis 2014, date de début de l’opération Chammal, plusieurs Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace décollent depuis leur base aérienne projetée au Levant ou bien depuis la base aérienne française aux Émirats arabes unis. Leur mission est d’aller frapper Daech ou collecter du renseignement sur ses mouvements. Les pilotes de la Marine nationale rejoindront ainsi leurs frères d’armes de l’armée de l’Air et de l’Espace dans ce combat contre le terrorisme.

La ministre des Armées, Florence Parly, rappelait le 12 janvier 2021 devant la représentation nationale : « Au Levant, je l’ai dit, la France est toujours engagée et la France considère que Daech est toujours présent. Et on peut même parler, je crois, d’une forme de résurgence de Daech en Syrie et en Irak. Depuis la chute de Baghouz, en mars 2019, on constate que l’État islamique reprend des forces. Il fait des victimes sur ce théâtre, mais il représente aussi, nous ne l’oublions jamais, une menace pour l’Europe et pour la France. Car nous nous souvenons des attentats de janvier et de novembre 2015 qui ont été planifiés depuis cette zone et que des terroristes, comme ça a été le cas cet automne à Conflans ou à Nice, ont été inspirés par les discours de haine qui sont tenus par cette organisation et par ses semblables. »

Réaffirmer le principe de liberté de navigation

Ce déploiement contribuera aussi à réaffirmer notre attachement au principe fondamental de liberté de navigation, pilier de notre stratégie en Indopacifique, en particulier autour de certaines zones stratégiques : le canal de Suez, la mer Rouge, le détroit de Bab-el-Mandeb, le Golfe d’Aden et le détroit d’Ormuz.

Puissant fédérateur et intégrateur de capacités militaires de premier rang, le porte-avions consolidera notre interopérabilité avec nos partenaires américains, belges et grecs. Il bénéficiera ainsi, pendant plusieurs phases de sa mission, de l’escorte de bâtiments de ces pays. L’Italie, l’Inde et le Japon pourraient également participer aux activités opérationnelles du groupe aéronaval en engageant des aéronefs ou des frégates. Le groupe conduira des exercices bilatéraux pour renforcer notre coopération régionale avec les pays de la zone, et notamment jusqu’en Inde où il participera à l’exercice majeur Varuna.

La présence du groupe aéronaval permettra également de consolider notre connaissance et notre appréciation autonome de la situation, en Méditerranée centrale et orientale, mais également au sud de la péninsule arabique, dans le détroit d’Ormuz et le golfe arabo-persique.

Retour d’expérience sanitaire

Sur le plan sanitaire, le retour d’expérience de la dernière mission a été pleinement intégré. De nombreuses mesures matérielles, organisationnelles et sanitaires ont été prises sur les bâtiments, en préparation de la mission, pour s’assurer de la santé des marins du groupe aéronaval qui ont tous été vaccinés contre la Covid-19.

Source : Centre media du ministère des Armées / Image : Wikipédia

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Armement : Modernisation de l’hélicoptère d’attaque franco-allemand Tigre. Réticences de la Bundeswehr

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Armement : Modernisation de l’hélicoptère d’attaque franco-allemand Tigre. Réticences de la Bundeswehr

Berlin fait un blocage sur la modernisation de l’hélicoptère d’attaque franco-allemand Tigre

En mai 2018, la ministre française des Armées, Florence Parly, annonçait le lancement, en coopération avec l’Allemagne, de la modernisation des hélicoptères d’attaque et de reconnaissance EC665 Tigre, développé par Airbus Helicopters. C’est une « nouvelle étape pour l’Europe de la défense et la consolidation de notre industrie », avait-elle dit à l’époque.

Puis, en septembre de la même année, et au nom de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne, l’Organisme conjoint de coopération en matière d’armement [OCCAr] notifia à Airbus Helicopters, Thales et MBDA des études de levée de risques relative à cette modernisation à mi-vie du Tigre.

Dans le détail, il s’agit de porter cet hélicoptère au standard Mk3, en améliorant ses capacités et en le dotant de nouvelles, notamment dans le domaine du combat collaboratif. Pour l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], cela passe par la connexion de l’appareil au système d’information et de communication [SICS] du programme Scorpion. Plus généralement, il est question de le doter du système de gestion aéroporté MUM-T pour qu’il soit capable de communiquer avec des drones ou encore de l’armer du futur missile MHT [missile haut de trame] conçu par MBDA.

On pouvait donc penser que ce programme, dont le coût est évalué à 5,5 milliards d’euros, suivait son cours… En réalité, les choses sont plus compliquées. D’ailleurs, à l’issue du conseil franco-allemand du 5 février dernier, la chancelière Angela Merkel en a dit très brièvement un mot.

« Pour le Tigre standard 3, il y a toute une série de négociations à conduire, en particulier avec Airbus pour la partie allemande. Mais là encore, du côté français, on a souligné l’importance stratégique d’une bonne coopération sur ce dossier », a en effet dit Mme Merkel, en résumant les échanges qu’elle venait d’avoir avec le président Macron.

Selon l’agence Reuters, la Bundeswehr [forces armées allemandes, nldr], qui dispose d’une cinquantaine d’hélicoptères Tigre UHT, va à reculons dans cette affaire.

Une partie de la Bundeswehr s’oppose à toute mise à niveau

« La France tient à la modernisation, mais une partie de la Bundeswehr s’oppose à toute mise à niveau étant donné la faible disponibilité opérationnelle » de ses appareils, affirme l’agence de presse, citant des sources proches du dossier.

Pourtant, en novembre 2019, l’OCCAr a attribué un contrat de soutien de soutien global à Airbus Helicopters afin d’accroître la disponibilité des Tigre en service au sein des forces françaises, allemandes et espagnoles.

« Cet accord de soutien à long terme garantit la disponibilité et la facilité de maintenance du Tigre au-delà des dix prochaines années » et il « couvre des éléments critiques tels que l’amélioration continue et le traitement des obsolescences, ainsi que les réparations et la livraison des pièces de rechange garanties par tous les fournisseurs concernés », avait alors expliqué Airbus Helicopters.

En outre, avait précisé le constructeur, ce contrat « répond par ailleurs aux besoins individuels de chaque client, en fonction de ses scénarios opérationnels et de déploiement. » Ce qui devait se traduire, s’agissant de la France, par la garantie d’un taux de disponibilité des pièces de rechange allant jusqu’à 98 % et la simplification de la logistique.

D’après les derniers chiffres disponibles, la disponibilité des Tigre de l’ALAT s’élevait à 31% en 2020, contre 26% trois ans plus tôt.

En revanche, il est vrai que la situation des Tigre allemands est plus… compliquée. En janvier 2020, le quotidien Bild affirmait que, deux mois plus tôt, seulement 8 appareils sur 53 étaient en état de voler. En outre, la flotte avait dû être immobilisée en août 2019, en raison de la découverte de boulons défectueux au niveau du système de contrôle des rotors. Un problème qui n’avait pas affecté les hélicoptères Tigre de l’ALAT, ni ceux de la FAMET [Fuerzas aeromobiles del Ejercito de tierra].

Faute de modernisation, le Tigre sera condamné

Quoi qu’il en soit, faute de modernisation, le Tigre sera condamné à plus ou moins longue échéance. Ce qui laisserait le champ libre à l’Agusta A.129 Mangusta italien ou bien à des appareils américains. D’où l’insistance de Paris à trouver un accord avec Berlin… Mais cette affaire donne un avant-goût des difficultés auxquelles il faudra s’attendre quand viendra le moment de moderniser d’autres systèmes d’armes conçu en coopération, comme le Système de combat aérien du futur [SCAF] ou le MGCS [le char de combat du futur].

« Pour être honnête, il serait beaucoup plus facile pour nous de travailler avec la Grande-Bretagne parce que nous partageons la même culture militaire », a confié un parlementaire français à Reuters [qui ne l’a pas identifié], au sujet du SCAF.

Source : ZoneMilitaire.fr – Laurent Lagneau / Image :

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Iran : Européens et Américains discutent du sauvetage de l’accord nucléaire suite à de nouvelles violations…

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Iran : Européens et Américains discutent du sauvetage de l’accord nucléaire suite à de nouvelles violations…

Européens et Américains discutent du sauvetage de l’accord nucléaire iranien de 2015

Le gouvernement iranien prévoit de restreindre l’accès des inspecteurs de l’AIEA à ses installations si Washington ne lève pas ses sanctions imposées depuis 2018.

Le président iranien Hassan Rohani a critiqué mercredi «les performances européennes» pour faire respecter les engagements prévus par l’accord de 2015 depuis le retrait américain du texte.

Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemande discutent jeudi 18 février avec les États-Unis du sauvetage de l’accord encadrant le programme nucléaire de Téhéran, qui pourrait d’ici quelques jours limiter l’accès des inspecteurs internationaux à certaines de ses installations. Le Français Jean-Yves Le Drian reçoit à Paris l’Allemand Heiko Maas et le Britannique Dominic Raab, rejoints en visioconférence par le secrétaire d’État américain Antony Blinken pour une réunion «principalement consacrée à l’Iran et à la sécurité régionale au Moyen-Orient», selon le ministère français des Affaires étrangères.

La dirigeante allemande Angela Merkel a exprimé mercredi son «inquiétude» à propos des multiples entorses de Téhéran à l’accord international sur le nucléaire, lors d’un entretien téléphonique avec le président Hassan Rohani. Ce dernier a en retour «critiqué les performances européennes» pour faire respecter les engagements prévus par l’accord de 2015 depuis le retrait américain du texte. Et mercredi, le président américain Joe Biden et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ont évoqué l’Iran lors de leur premier échange téléphonique. Les deux dirigeants ont souligné «l’importance de la poursuite d’une étroite consultation sur les questions de sécurité régionale, en particulier l’Iran», a indiqué la Maison-Blanche.

Cette intensification des échanges diplomatiques intervient quelques jours avant une échéance qui alimente les inquiétudes: conformément à une nouvelle loi adoptée en décembre, le gouvernement iranien prévoit de restreindre l’accès des inspecteurs de l’AIEA à des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspectés d’avoir une activité nucléaire, sous certaines conditions, si les États-Unis ne lèvent pas leurs sanctions imposées depuis 2018. Il s’agirait d’un nouveau manquement à l’accord nucléaire de 2015. Depuis le retrait des États-Unis de ce texte décidé par l’ancien président américain Donald Trump, l’Iran a cessé de respecter la plupart de ses engagements clés.

 «Il existe encore une toute petite fenêtre d’opportunité pour limiter les dommages qui découleraient des prochaines actions iraniennes. »

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu samedi à Téhéran pour «trouver une solution mutuellement acceptable», selon l’organisation basée à Vienne, qui s’inquiète du «sérieux impact» des limitations prévues par l’Iran. Le président iranien s’est dit prêt à le recevoir. «S’il veut négocier, il peut négocier», a-t-il affirmé mercredi, en assurant qu’il «ne s’agit pas de laisser notre activité nucléaire sans inspection».

Depuis le retrait de Washington de l’accord et la réimposition de sanctions draconiennes qui étouffent son économie, l’Iran s’est affranchi progressivement de nombre de limites qu’il avait accepté d’imposer à son programme nucléaire. L’arrivée le 20 janvier de Joe Biden à la Maison-Blanche a laissé espérer une reprise du dialogue, après la politique de «pression maximale» exercée par son prédécesseur. Mais la nouvelle administration américaine exige que Téhéran se conforme en premier lieu aux termes de l’accord censé empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique. Téhéran doit garantir «une coopération entière et rapide» à l’AIEA, a insisté mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price. «L’Iran devrait faire marche arrière et ne pas prendre d’autres mesures qui auraient un impact sur les garanties de l’AIEA sur lesquelles comptent non seulement les États-Unis, non seulement nos alliés et partenaires dans la région mais le monde entier», a-t-il ajouté.

La République islamique, en retour, réclame d’abord la levée des sanctions et rejette les appels à élargir les termes de l’accord. Vendredi, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont averti Téhéran qu’il «compromettait» tout retour à des négociations pour sauver l’accord de 2015 avec ses violations répétées de ce texte, dernièrement encore sur la production d’uranium métal pouvant être utilisé dans la fabrication d’armes nucléaires.

«Il existe encore une toute petite fenêtre d’opportunité pour limiter les dommages qui découleraient des prochaines actions iraniennes», selon Ellie Geranmayeh, du Conseil européen des relations internationales (CEFR). «Ce qu’il faut désormais, ce sont des gestes américains concrets qui montrent véritablement à l’Iran que les États-Unis prennent leurs distances avec la politique de pression maximale du mandat Trump», juge l’experte, en estimant que «les Européens devraient presser l’administration Biden d’annoncer clairement sa détermination à réintégrer l’accord» de Vienne.

Enfin, suggère-t-elle, «États-Unis et Europe devraient travailler ensemble pour fournir un peu de répit économique à l’Iran sur le court terme» en vue de reprendre le chemin du respect des termes de l’accord nucléaire de 2015, alors que le pays, asphyxié par les sanctions américaines, souffre aussi des conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.

Source : LeFigaro.fr – AFP / Reuters – Ccentrale nucléaire de Bouchehr

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Mayotte : Le service de santé des Armées envoie des soignants supplémentaires…

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Mayotte : Le service de santé des Armées envoie des soignants supplémentaires…

Le ministère des Armées déploie des soignants militaires supplémentaires à Mayotte

Compte-tenu de la situation sanitaire à Mayotte, le Président de la République a décidé de renforcer le soutien médical déployé sur place.

  • Le 16 février, 14 militaires supplémentaires du Service de santé des armées (SSA) ont été déployés à Mayotte pour armer cinq lits de réanimation supplémentaires.
  • Ces mesures s’ajoutent aux capacités déjà projetées par les armées : les personnels militaires sont désormais en mesure d’accueillir dix patients en état de réanimation.
  • 53 militaires du SSA et de l’armée de Terre sont désormais déployés à Mayotte.

À Mayotte, compte tenu de la situation sanitaire liée à la pandémie Covid-19 et de ses variants, un confinement de l’île a été décidé depuis le 5 février pour trois semaines.
Le 7 février, un « Module militaire de réanimation » (MMR) des armées, composé de 39 militaires (31 du SSA et huit de l’armée de Terre) et de 1200 kilogrammes de fret, a été acheminé à Mayotte pour ouvrir cinq lits de réanimation supplémentaires au sein du Centre hospitalier de Mayotte (CHM).

Compte tenu de la situation sanitaire à Mayotte, le Président de la République a décidé en Conseil de défense que le soutien sur place serait renforcé.
Le 16 février, 14 militaires supplémentaires, deux médecins réanimateurs et 12 soignants du SSA ont été projetés pour renforcer les capacités du MMR du Centre hospitalier de Mayotte, afin d’augmenter sa capacité d’accueil de cinq à dix lits de réanimation.

Source : Centre media du ministère des Armées & Service presse du ministère des Outre-mer / Image : Ministère des Armées EMA « Distribution de masques à Mayotte »

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