Armement : Livraison du premier A330-200 à l’armée de l’Air

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Armement : Livraison du premier A330-200 à l’armée de l’Air

=COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MINISTÈRE DES ARMÉES=

Florence Parly salue la livraison du premier A330-200 à l’armée de l’Air et de l’Espace dans le cadre du plan de soutien à l’aéronautique

Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé en juin 2020 le volet militaire du plan de soutien à l’aéronautique. Trois avions A330-200 faisaient partie de ces commandes anticipées : le 1er de ces trois avions vient d’être livré à l’armée de l’Air et de l’Espace.

L’appareil a été convoyé ce jeudi 26 novembre 2020 par un équipage du Centre d’expertise aérienne militaire (CEAM) vers l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Un second avion est attendu prochainement.

Les deux premiers avions seront exploités à partir de cet aéroport et remplaceront les deux A340 de l’escadron de transport 3.60 « Estérel » qui seront retirés du service à la fin du mois de décembre 2020. Le troisième avion, qui sortira de la chaîne de production d’Airbus à Toulouse, sera livré mi 2021.

Le contrat notifié par la Direction générale de l’armement (DGA) à Airbus fin août 2020 prévoit l’acquisition de deux avions d’occasion disposant d’un très bon potentiel technique et d’un avion neuf. Ces trois avions seront convertis en Multi Rôle Tanker Transport (MRTT) ultérieurement, pour achever le renouvellement de la flotte de ravitailleurs, fixée à 15 appareils. Cet objectif est inscrit dans la loi de programmation militaire 2019-2025.

L’A330 MRTT Phénix est en phase de montée en puissance. Il vise à remplacer plusieurs flottes anciennes par un modèle unique, dans le domaine du ravitaillement en vol, comme dans celui du transport stratégique ou des évacuations sanitaires.

Cette acquisition de trois A330-200 par le ministère des Armées, au titre du plan de soutien à l’aéronautique présenté par le gouvernement le 9 juin 2020, va permettre à l’armée de l’Air et de l’Espace d’accélérer le retrait de service des deux A340 et des deux A310 vieillissants, utilisés pour des missions logistiques de transport de personnels et de transport de fret.

Source : SIRPA AIR Département Médias – DICoD / Image : Armée de l’Air

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US Coast Guard : Surveillance de la surpêche illégale chinoise dans le pacifique…

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US Coast Guard : Surveillance de la surpêche illégale chinoise dans le pacifique…

La garde-côtière américaine va se déployer dans le Pacifique pour y contrer les activités chinoises

Ces dernières années, les organisations de défense de l’environnement ont attiré, à plusieurs reprises, l’attention sur le phénomène de la pêche illégale au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest, due à la présence de plusieurs centaines de chalutiers chinois. Ce qui risquait alors [et risque toujours] d’avoir des répercussions sur la sécurité alimentaire des populations locales ainsi que sur l’économie des pays concernés.

Surpêche… et migrations vers l’Europe…

« Cette surpêche et la dégradation de l’habitat qui va avec a des conséquences sociales et économiques désastreuses, car la pêche est souvent un recourt pour des populations déjà exsangues. Voir de gros navires industriels piller les ressources peut donc potentiellement créer des tensions entre les différents groupes. Les populations côtières dépendant de la pêche peuvent aussi choisir de migrer vers les pays voisins ou l’Europe, avec toutes les violences et incompréhensions que cela peut engendrer. En cela, la relative stabilité de l’Afrique de l’Ouest se trouve menacée », avait alors souligné Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom, en 2016.

Par ailleurs, durant l’été dernier, et comme avait déjà été les cas les années précédentes, une imposante flottille de chalutiers chinois a été repérée au large des îles Galapagos, sous souveraineté de l’Équateur. Selon l’ONG Oceana, entre le 13 juillet et le 13 août, cette flotte chinoise aurait effectué plus de 7.300 heures de pêche [soit 99% de l’activité de pêche constatée durant cette période] et prélevé des milliers de tonnes de calmars et de poissons dans cette aire marine protégée. Il va sans dire que les relations entre Quito et Pékin ont été tendues…

Un phénomène analogue a été observé près de l’Argentine…

Ce qui a pu donner lieu à une réponse forte de la part de la marine argentine, laquelle a envoyé par le fond un chalutier chinois en 2016.

L’Asie n’est évidemment pas épargnée. Mais l’approche des chalutiers chinois peut être différente selon les régions concernées. Ainsi, des centaines vont régulièrement pêcher le calmar dans les eaux nord-coréennes. D’après la récente étude Global Fishing Watch, conduite par un collectif de chercheurs de plusieurs pays, il est estimé que la valeur du stock de calmars ainsi prélevées aurait atteint les 440 millions de dollars en deux ans. Cela étant, on ignore si Pyongyang et Pékin ont un accord sur la pêche…

Mais d’autres pays de la région font face à ces flottes de chalutiers chinois. Le 10 octobre, la Malaisie a indiqué en avoir arraisonné six dans ses eaux territoriales et fait état de 89 intrusions entre 2016 et 2019. En outre, pour Pékin, le recours à ces bateaux de pêche est aussi un moyen de faire avancer ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale.

Ainsi, en décembre 2019, une trentaine de chalutiers battant pavillon de la Chine, escortés par un navire de la garde-côtière chinoise, ont été signalés dans les eaux de Natuna, un archipel sous souveraineté indonésienne mais revendiqué par Pékin, en vertu de sa « ligne en 9 traits ». Et les protestations de Jakarta n’y ont rien fait. Un incident similaire s’est d’ailleurs produit en juillet dernier.

Cette tactique a été employée par la Chine pour mettre la main sur le récif de Scarborough, alors sous souveraineté des Philippines, en y envoyant, en 2012, une importante flotte de chalutiers sous protection militaire. En 2016, la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye, saisie par Manille, avait réfuté les prétentions chinoises sur ce bout de territoire. Depuis, la situation n’a guère changé… Mieux même : l’île philippine de Pagasa a connu un scénario identique, avec l’envoi, en 2019, de 200 chalutiers chinois. Et avec des manœuvres d’intimidation de la marine philippine à la clé.

Dans la stratégie maritime chinoise, de tels bateaux de pêche forment une « Milice maritime des forces armées populaires », présentée dans un rapport du Pentagone publié en 2019 comme « une force civile de réserve facilement mobilisable. »

« Je pense que nous avons l’impression que c’est une partie relativement mineure de l’arsenal chinois et nous nous trompons », expliquant Gregory Poling, le directeur de l’Asia Maritime Transparency Initiative [AMTI] du Centre for Strategic and International Studies, en 2019, dans les colonnes de l’Opinion. » Aucun de ces bateaux ne pêche réellement, ils représentent plutôt une milice maritime. Quand nous suivons leurs activités, nous ne les voyons jamais faire autre chose que de chercher à intimider les autres », avait-il ajouté.

D’où la décision annoncée le 23 octobre à Washington par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O’Brien. En effet, accusant la Chine de « pêche illégale » et de « harcèlement » des bateaux de pêche des pays voisin, ce dernier a fait savoir que l’US Coast Guard était « en train de déployer des patrouilleurs rapide appartenant à la classe Sentinel dans le Pacifique occidental ». Ils auront à mener des missions de sécurité maritime et à porter assistance aux pêcheurs « en collaboration avec des partenaires de la région qui ont des capacités de surveillance maritime limitée. »

En temps de paix, l’US Coast Guard, qui est une force militaire, relève du département de la Sécurité intérieure [DHS]. Mais, en cas de conflit, elle est susceptible de passer sous l’autorité de l’US Navy.

Cela étant, l’an passé, déjà, l’un de ses patrouilleurs – le Bertholf – a accompagné le contre-torpilleur USS Curtis Wilbur lors d’une opération de liberté de navigation [FONOP] dans le détroit de Taïwan. À cette occasion, il avait été mis sous le contrôle opérationnelle de la 7e Flotte de l’US Navy, basée au Japon.

Source : Zonemilitaire.fr – Laurent Lagneau / (c)Image : USCGC Stratton WMSL 752 – Pacific

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Armées : Le soldat français un agent polyvalent multi-rôles, bon à tout faire…

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Armées : Le soldat français un agent polyvalent multi-rôles, bon à tout faire…

Quel rôle pour Le soldat français est transformé en agent polyvalent chargé de tout et n’importe quoi !

Rediffusion article du 10/11/2020

En cette veille du 11 novembre, l’historienne* s’inquiète de voir notre armée s’épuiser à assumer des missions hétéroclites sans aucun rapport avec son rôle.

Le 11 novembre rappelle chaque année aux Français le prix payé par ceux qui ont porté, et portent encore, les armes en leur nom. L’hommage rendu aux défunts prend cette année une tonalité particulière alors que le pays traverse des crises multiples et que, sur le sol national, sont à nouveau déployés massivement les militaires de l’opération « Sentinelle ». Que savons-nous de ceux qui patrouillent dans nos rues ?

Que comprenons-nous de la place qu’ils occupent parmi nous ?

Il y a un siècle, la dépouille de celui qu’on nommera désormais « le soldat inconnu » était déposée sous l’Arc de triomphe. Le visiter et l’honorer, c’était visiter et honorer tous ceux qui, dans la diversité immense des expériences vécues, avaient traversé sous l’uniforme français la grande tragédie de la guerre. Héros, martyr ou victime, selon la trilogie décrite par les historiens de la période, le soldat inspirait des engagements politiques faits des mille nuances du patriotisme et du pacifisme. Plaint, décrié ou honoré, le soldat ne pouvait alors être perçu comme autre chose qu’un combattant, destiné à affronter un ennemi désigné par l’autorité politique. C’est d’ailleurs en 1921 que la gendarmerie mobile a été créée pour établir une distinction claire entre l’ordre intérieur et la confrontation avec un ennemi extérieur.

Ce n’était pas un âge d’or, l’époque n’était pas plus heureuse et il serait sans fondement d’éprouver la moindre nostalgie pour un temps qui comportait son lot de déchirements et d’épreuves collectives. Le contraste apparaît cependant saisissant avec ce qu’est, aujourd’hui, la figure du militaire, à nouveau centrale dans notre espace public mais désormais consensuelle et méconnue.

Les expériences opérationnelles récentes, leur médiatisation et la parole publique plus claire des chefs d’état-major puis des responsables politiques ont mis fin à une longue période d’effacement de la finalité combattante de l’engagement militaire, débutée au lendemain de la guerre d’Algérie. Une image renouvelée du militaire a progressivement émergé, bien éloignée de la figure banalisée qu’il était devenu au moment de la professionnalisation, à la fin des années 1990. Un jeune Français qui passe la porte d’un centre de recrutement n’ignore plus que les armées combattent. Plus encore, il revendiquera aujourd’hui, davantage qu’hier, son désir de servir son pays par les armes.

Et pourtant, dans notre pays, le débat public ne cesse de venir brouiller cette réaffirmation progressive d’une image plus cohérente. Au loin, le militaire français fait la guerre et on le sait. Même si l’on en débat assez peu, le mot et ses images laissent entrevoir la complexité de ce que vivent ces soldats confrontés à la violence. Mais ici, sur le sol national, il est, dans des formes nouvelles de mobilisation, une sorte d’agent polyvalent très efficace et compétent vers lequel les politiques ne peuvent s’empêcher de lorgner pour pallier, souvent dans l’urgence, tous les dysfonctionnements de la société.

Au milieu de nous, le militaire français est une figure sans aspérité, capable de jongler, des missions de sécurité intérieure à la réinsertion de la jeunesse en difficulté. Qu’il faille surveiller les stocks de masques pendant une crise sanitaire, et c’est eux que l’on retrouvera devant les hangars, armes à la main. On ne compte plus les propositions de politiques de tout bord envisageant de confier aux armées tout ou partie de chaque classe d’âge à des seules fins socio-éducatives dénuées de tout objectif proprement militaire.

Parce que les militaires sont globalement compétents, ils font bien, et souvent mieux, ce qu’on leur demande de faire. Ceux qui travaillent avec eux s’en félicitent et vantent une organisation certes imparfaite, mais dont les qualités fascinent, par effet de contraste. Les images sont efficaces, leur médiatisation rassure : au moins, « on » fait quelque chose.

Des mobilisations envisagées comme ponctuelles ou marginales se transforment peu à peu en missions pérennes et massives. Leur lien avec l’usage de la force armée contre un ennemi désigné par l’autorité politique, au nom de la communauté nationale, n’apparaît plus clairement. En situation de crise permanente, hormis les principaux intéressés, rares sont ceux qui ont encore le souci de chercher à l’expliciter.

Le brouillage est d’autant plus accentué que les sociétés européennes se voient assaillies par de multiples « menaces ». Le mot est pratique : il permet d’englober des réalités de nature très différente sans qu’on se donne la peine de les distinguer, de les hiérarchiser et de les désigner par des termes justes. Le champ sémantique guerrier sature le débat public. La crise sanitaire est une « guerre » et l’on convoque des « conseils de défense écologique » sans bien savoir quel ennemi il faudrait alors affronter par les armes.

Ceux qui combattent savent la part tragique que contient leur engagement. Honorer les morts du passé et du présent, le 11 novembre, c’est aussi avoir le souci que les réalités qu’ils ont vécues soient comprises quitte à ébranler un peu le consensus qui rend possible ces mobilisations multiformes. Quitte, aussi, par respect pour ceux qui font l’expérience de la guerre, à renoncer à abuser de mots que l’on vide de leur sens.

Les mêmes politiques qui louent le courage de ceux qui combattent au loin ne semblent pas toujours mesurer l’incongruité de leurs enthousiasmes maladroits pour l’emploi tous azimuts des armées sur le sol national. Ils oublient que les vertus militaires qu’ils admirent sont vivaces parce qu’elles sont ordonnées à un rapport très concret avec la mort au jour de la confrontation avec un ennemi violent.

Enfin, malgré tous les mérites de ceux qui remplissent loyalement leurs missions, les dispositifs kaki ainsi déployés, de spectaculaires, deviennent peu à peu routiniers. À moins de franchir encore un cap dans les effectifs mobilisés pour des missions intérieures aux finalités floues, il y a fort à parier qu’elles focalisent de moins en moins les regards et concentrent de moins en moins l’attention. Risquent alors de resurgir, de manière plus visible encore et si ce n’est déjà fait, les causes non résolues de crises que les mésusages du fait militaire ne pourront pas soigner.

Source : Le Figaro – lefigaro.fr / rediffusion www.asafrance.fr / Photo : viaoccitanie.tv

* Bénédicte CHÉRON : Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Institut catholique de Paris, Bénédicte Chéron est spécialiste des relations entre l’armée et la société. Elle a publié plusieurs ouvrages salués par la critique, tels « Pierre Schoendoerffer » (2012, CNRS Éditions) et « Le Soldat méconnu. Les Français et leurs armées : état des lieux » (Armand Colin, 2018).

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Daniel Cordier : Compagnon de la Libération, l’ancien résistant et secrétaire de Jean Moulin est mort

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Daniel Cordier : Compagnon de la Libération, l’ancien résistant et secrétaire de Jean Moulin est mort

L’un des deux derniers compagnons de la Libération, est mort vendredi à l’âge de 100 ans

Daniel Cordier, grand résistant, ancien secrétaire de Jean Moulin, est mort, vendredi 20 novembre à Cannes (Alpes-Maritimes), à l’âge de 100 ans, a appris Le Monde de plusieurs sources officielles.

Il naît Bouyjou-Gauthier à Bordeaux le 10 août 1920 au sein d’une famille de négociants aisés (les Bouyjou, lignée paternelle et les Gauthier lignée maternelle). Il a 4 ans quand sa mère divorce et 6 ans quand elle se remarie avec Charles Cordier – il adoptera le patronyme de son beau-père, qu’à l’adolescence il admire « sans limites », pour des raisons de « commodité orthographique », dira-t-il lors de son engagement à Londres en 1940.

De ces ascendants, il hérite un étonnant cocktail d’influences : le culte napoléonien d’un aïeul, la « tentation d’une anarchie esthétique » d’une grand-mère américaine, les « sortilèges de l’élégance » de sa mère et « la tolérance et les voluptés de la musique classique » de son père, enfin la passion des automobiles et du fanatisme politique que lui inculque le second époux de sa mère. Gazé à Verdun, royaliste et antisémite, l’homme a une influence déterminante sur le jeune Daniel. Ce dernier fonde le Cercle Charles-Maurras à Bordeaux, vend à la criée L’Action française et milite contre la République que ses détracteurs n’appellent que « la gueuse ».

Placé très jeune dans un pensionnat dirigé par des dominicains, le jeune homme y découvre tout à la fois l’austérité et la rigueur de la morale catholique et, plus intimement, son homosexualité. Les Confessions, d’Augustin d’Hippone concurrencent donc la découverte du Cahier gris, de Roger Martin du Gard où l’amitié entre adolescents est « chaste mais excessive » et celle de L’Immoraliste de Gide. Un dilemme dont, nonagénaire, Cordier livrera le bouleversant récit dans Les Feux de Saint-Elme (Gallimard, 2014).

Impatient de se battre

Mais l’adolescent, sur le terrain politique, n’est pas travaillé par le doute. Lui qui fut camelot du roi à 14 ans ne doute pas que le Front populaire a scellé la faillite de la France. Dès que la guerre éclate, il attend avec impatience de se battre pour sauver, en patriote, l’honneur du pays. Si la débâcle de mai 1940, conforme aux sombres prophéties de Maurras, ne le surprend pas, alors qu’il attend à Bayonne son ordre de mobilisation, la demande d’armistice de Pétain, le 17 juin, le scandalise. Il y voit une insupportable trahison de l’idéal patriotique. Et bien que son idole, théoricien du nationalisme intégral, se rallie au maréchal désormais aux commandes, Cordier, lui, choisit de combattre.

Avec une quinzaine de camarades, il embarque le 21 juin à bord d’un cargo belge, le Léopold-II, qui devait rallier l’Algérie. Finalement, le bateau cingle vers le Royaume-Uni. Débarqués au sud des Cornouailles à Falmouth le 25 juin, les jeunes gens s’engagent à Londres le 28 dans la « Légion française », embryon des Forces françaises libres. Là, Cordier – il vient d’adopter ce patronyme – découvre effaré que certains des patriotes qui partagent son choix sont socialistes ou communistes.

Il fait la connaissance de Raymond Aron et de Stéphane Hessel, nouant d’indéfectibles amitiés, et plus tard de Georges Bidault, farouche adversaire de Maurras, dont il reconnaît l’« esprit brillant ». Il amorce une radicale révision de ses convictions politiques, hormis l’antisémitisme, malgré Aron et Hessel, puisque la lecture du pamphlet de Lucien Rebatet Les Décombres, quelques jours seulement après la rafle du Vél’d’Hiv « éblouit » Cordier.

Passé par les camps d’entraînement, où les échanges avec les autres volontaires sont autant d’électrochocs pour celui dont les réflexes d’extrême droite peinent à s’estomper jusqu’à la lettre de rupture qu’il adresse à Maurras le 2 décembre 1941 (« comment pouvez-vous continuer à vivre après cette trahison ? »), Cordier intègre le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) que dirige le colonel Passy. Il y suit une formation intense pour agir sur le terrain car il ne rêve que de « tuer du Boche ». D’où sa déception lorsqu’il est parachuté près de Montluçon (Allier) le 25 juillet 1942 pour servir d’assistance radio à Georges Bidault, chef du bureau d’information et de presse (BIP), agence de presse clandestine.

Fidélité à sa mission

Mais dès le 30 juillet, à Lyon, il rencontre celui que de Gaulle a chargé d’unifier les mouvements de résistance intérieure. Venu pour lui remettre des documents, Cordier découvre une personnalité simple, directe, souriante qui l’invite aussitôt à dîner et le teste. Le jeune homme se livre sans fard. Cette franchise plaît et « Rex », alias Jean Moulin, recrute aussitôt comme secrétaire cet homme de 21 ans aux origines et aux convictions premières si diamétralement opposées aux siennes. Sans doute discerne-t-il immédiatement l’idéalisme de Cordier, son dévouement et sa fidélité à sa mission.

Durant plus de dix mois, ils vont travailler ensemble à la mission capitale fixée par Londres. Collaborateur inestimable par sa rigueur et son dévouement, Cordier, qui a choisi « Alain » comme identité de clandestinité en référence au philosophe, seconde le « patron », pour mettre sur pied un état-major clandestin, sans moyen et quasiment sans personnel au départ. Patiemment, il gère courrier et liaison radio, étoffant tant à Lyon qu’à Paris l’équipe pour sa plus grande efficacité, attribuant les subsides quand Moulin est absent. Ce qui ne lui vaut pas que des amis.

Témoin privilégié de la naissance du Conseil national de la Résistance (CNR) comme des luttes âpres qui l’ont freinée, Cordier connaît si bien le fonctionnement de la Résistance et les liens, plus ou moins délicats, qu’entretiennent entre eux les différents courants, qu’il est indispensable. Et malgré l’hostilité de beaucoup qui s’affiche dès l’arrestation de Jean Moulin à Caluire en juin 1943 (Pierre Brossolette le déclare « nul et imprudent » et exige son rappel), Cordier reste en place et poursuit auprès de Claude Bouchinet-Serreulles, successeur par intérim de Jean Moulin, sa mission en zone Nord comme secrétaire de la Délégation générale de France.

En danger dès qu’il apprend que la Gestapo a sa photo et peut l’identifier, il demande à être relevé. En mars 1944, il entend rejoindre Londres via Marseille, puis l’Espagne. Mais il est arrêté par les franquistes et interné à Pampelune, puis au camp de Miranda de Ebro, dans la province de Burgos. Quand il parvient à rejoindre Londres à la mi-mai, nommé chef de la section des parachutages d’agents du BCRA, il se prépare à la confrontation physique à l’ennemi qui était son premier vœu en 1940. Mais il doit patienter, manque le Débarquement, comme le parachutage sur les zones de combat et ne regagne la France qu’en bateau, par Le Havre, pour rejoindre Paris début octobre.

En novembre, il devient compagnon de la Libération par décret du général de Gaulle et retrouve le colonel Passy, promu à la tête des services secrets, qui le prend comme chef de cabinet. A la Direction générale des études et recherches (DGER), dont Jacques Soustelle prend la tête en novembre 1944, Cordier découvre le monde des espions et des agents secrets. Il est même envoyé en Espagne évaluer la solidité du régime de Franco pour de Gaulle.

Un rapport qu’il conservera comme un trésor.

Mais ce milieu n’est pas pour lui. Pas plus que l’autocélébration des anciens résistants à l’heure du retour à la paix, qui fait en lui écho au discours des anciens combattants de la Grande Guerre et dont il ne se sent pas solidaire. De fait, il démissionne de son poste après le retrait politique du général de Gaulle en janvier 1946.

Une galerie à Paris

Un bref instant tenté par l’engagement politique – il se dit alors « presque communiste » –, il y renonce bientôt cependant pour se consacrer à l’art moderne que lui a fait découvrir et apprécier Jean Moulin, dont il a enfin percé l’identité sans masque.

Alors qu’il ignorait tout de la création contemporaine, il a appris au contact de Jean Moulin à se passionner pour ces aventures esthétiques qu’il rejetait jusqu’ici. Il faut dire que, pour déjouer les indiscrétions, Rex avait établi un code qui valait initiation : « Quand nous serons dans la rue, au restaurant ou dans n’importe quel endroit où nous risquons d’être entendus, je me mettrai à vous parler d’art pour que nous ne soyons suspectés. » D’où leurs échanges sur Cézanne et Renoir ou la découverte de Kandinsky…

Grâce à un héritage bienvenu – son père est mort en 1943 –, Daniel Cordier s’essaie à la peinture, en s’inscrivant à une école d’art privée, l’Académie de la Grande Chaumière ; achète sa première œuvre, une toile de Jean Dewasne, membre du comité fondateur du Salon des réalités nouvelles, temple de l’abstraction ; découvre l’œuvre de Nicolas de Staël dont il recherche et achète les toiles, et, collectionneur, se rêve déjà galeriste.

Ce rêve, il l’accomplit en ouvrant à Paris sa galerie, rue de Duras, en 1956. Adresse qu’il transfère trois ans plus tard rue de Miromesnil. Accompagnant un monde artistique en pleine révolution, il donne à André Breton carte blanche pour une nouvelle célébration surréaliste, dialogue avec le poète et écrivain Henri Michaux tout en devenant le marchand de Jean Dubuffet, premier théoricien de l’« art brut ».

Cordier impose le premier l’artiste yougoslave Dado et le peintre et écrivain Bernard Réquichot, ouvre des antennes à Francfort et à New York, se passionne pour les arts qui viennent d’ailleurs que d’Occident et finalement ferme boutique en 1964 quand il estime que l’essentiel se joue ailleurs et que Paris n’est plus qu’un foyer secondaire. Il poursuit toutefois son engagement de collectionneur et organise, grâce à un carnet d’adresses exceptionnel, de grandes expositions.

Sans doute serait-il resté un « homme ordinaire » comme il se définissait au lendemain de la Libération, quand il renonçait à capitaliser sur son épopée de résistant, mais le retour médiatique de l’Occupation dans les années 1970 en décida autrement.

Tout vient des propos d’Henri Frenay, fondateur du mouvement de résistance Combat, qui initia Moulin à la clandestinité. Dès 1973, dans La Nuit finira (éd. Robert Laffont), le grand résistant accuse le « patron » de Cordier d’incompétence et de mégalomanie. Moins de dix ans après l’entrée au Panthéon de Jean Moulin, la charge est sévère. Elle devient insupportable quand paraît, en 1977, L’Enigme Jean Moulin (éd. Robert Laffont) où Frenay insinue que Rex était en fait un agent communiste.

Historien reconnu

Quand les rumeurs et les calomnies salissent la figure de son « patron », Cordier s’indigne et sort de sa réserve. Pour Moulin. Convaincu que la mémoire des protagonistes n’est pas sûre, plus apte à recomposer le passé qu’à l’éclairer, il se lance à corps perdu dans une enquête où le témoignage oral est secondaire, suspect de brouiller le trait et de multiplier confusions et approximations. Venant d’un témoin de première force, la posture est singulière alors que la concurrence des mémoires partisanes fait rage. Il s’y tiendra, strictement, et très longtemps, au prix d’un travail digne d’un moine copiste, compilant, croisant, éprouvant chaque information, sans abdiquer sa démarche aussi radicale qu’austère.

En plusieurs volumes, parus entre 1983 et 1999 (L’Inconnu du Panthéon et La République des catacombes), tous centrés sur la figure de Jean Moulin, il définit un jalon historiographique essentiel de la Résistance. Si d’anciens camarades de lutte boudent ou critiquent, les historiens de métier, eux, sont impressionnés par cette œuvre, menée en solitaire par un témoin qui se défie du témoignage seulement humain.

Quand il se résout à écrire ses propres souvenirs (le premier volume, Alias Caracalla, paru en 2009), Daniel Cordier séduit même l’Académie Goncourt qui l’inscrit parmi les postulants aux lauriers d’automne, malgré la nature atypique de l’ouvrage.

Résolument, comme ses engagements politique et artistique, le legs de Daniel Cordier historien est aussi singulier qu’unique.

Source : Le Monde – lemonde.fr – Par Philippe-Jean Catinchi / Photo : Collection Musée ORDRE DE LA LIBERATION

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Immigration : Evacuation de plus de 2000 migrants d’un camp près du Stade de France

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Immigration : Evacuation de plus de 2000 migrants d’un camp près du Stade de France

Seine-Saint-Denis : 2000 migrants évacués d’un campement au pied du stade de France

Une vaste opération d’évacuation et de mise à l’abri a démarré ce mardi matin à 7 heures. C’est la 66ème opération en cinq ans dans le département.
C’est un ballet de cars aux abords du campement, encadré par important dispositif policier. Une foule compacte attend de pouvoir monter dans les bus.

Depuis le mois d’août, plus de 2000 migrants s’étaient progressivement installés à Saint-Denis, sous le viaduc de l’autoroute A1 et vers la passerelle piétonne qui mène au Stade de France. Les forces de l’ordre ont entamé ce mardi matin l’évacuation de ce vaste campement. En cinq ans, c’est la 66ème opération que connaît le département.

Encadrée par un important dispositif policier, l’opération d’évacuation et de mise à l’abri des exilés vers différents centres d’accueil et gymnases d’Ile-de-France a débuté vers 7 heures. Des migrants s’acheminaient dans le calme vers des bus, dans une opération conjointe de la préfecture de police de Paris, de la préfecture de la région Ile-de-France et de Seine-Saint-Denis.

Selon le décompte de l’association France terre d’asile, opératrice de l’Etat, environ 2 400 exilés vivaient la veille encore dans ce camp qui n’a cessé grossir depuis août en dessous de l’autoroute A1. Des feux de palettes étaient visibles depuis le cordon de sécurité mis en place par les forces de l’ordre.

« Ces camps ne sont pas acceptables »

« Ces camps ne sont pas acceptables », a déclaré sur place le préfet de police de Paris, Didier Lallement. « Cette opération a lieu pour faire en sorte que les personnes en situation régulière soient mises à l’abri, et celles en situation irrégulière n’ont pas vocation à rester sur le territoire ».

Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a salué cette opération.

Près du canal de Saint-Denis, de nombreuses personnes attendaient d’être prises en charge par des bus. Toutes seront dans un premier temps l’objet d’un test au Covid-19 dans des centres de dépistage mis en place par l’Agence régionale de santé, avant d’être soit isolées dans un premier temps, en cas de résultat positif, soit immédiatement mises à l’abri.

En tout, 70 bus devaient acheminer les migrants alors que 26 centres d’hébergement ont été mis en place par la Préfecture de région d’Ile de France pour les accueillir. Au grand dam de certains maires, comme celui de Bry dans le Val-de-Marne, offusqué qu’on réquisitionne un gymnase de sa ville, et qui dénonce « l’absence totale de concertation avec la ville en amont de la décision unilatérale de cette réquisition malvenue ».

Une majorité d’hommes seuls originaires d’Afghanistan

Le campement insalubre, où plusieurs centaines de tentes étaient installées, est majoritairement constitué d’hommes seuls, essentiellement originaires d’Afghanistan, mais également du Soudan, d’Éthiopie et de Somalie. Beaucoup, majoritairement des demandeurs d’asile, sont auparavant passés par d’autres campements en périphérie de Paris, successivement démantelés, mais qui se recréent un peu plus loin, en banlieue nord.

Une trentaine d’associations et collectifs (Cimade, Secours catholique, Solidarité Migrants Wilson…) dénoncent « un cycle sans fin et destructeur ».

« Depuis cinq ans, les évacuations se sont répétées, malgré les dysfonctionnements du système d’hébergement qui les accompagne […]. Aujourd’hui, les autorités continuent d’organiser ces opérations alors que les 65 précédentes ont prouvé qu’elles étaient inefficaces, et que leur seul effet était de disperser les personnes », ont écrit les associations dans un communiqué.

Source : Le Parisien – leparisien.fr avec AFP / Photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

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FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...