OTAN : Un petit avion se faufile à travers les défenses aériennes de 6 pays de l’alliance…

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OTAN : Un petit avion se faufile à travers les défenses aériennes de 6 pays de l’alliance…

Un avion fantôme traverse six pays de l’Otan sans autorisation

Des chasseurs ont intercepté le bimoteur, mais ses occupants se sont volatilisés après avoir atterri sur une piste désaffectée en Bulgarie. Un périple incroyable.

Le périple est digne d’une aventure de James Bond. Le 8 juin, un petit avion bimoteur civil a réussi à se faufiler à travers les défenses aériennes de sept pays d’Europe, dont six membres de l’Otan, puis à se poser sur une piste désaffectée en Bulgarie, et ce malgré la mobilisation d’avions de chasse de trois armées différentes dans le contexte de la guerre en Ukraine toute proche. Aux commandes d’un vieux Piper Aztec, les intrus n’avaient pas déposé de plan de vol, avaient éteint leur transpondeur et n’ont répondu ni aux appels radio ni aux signaux visuels des avions militaires envoyés à leur rencontre. Ils se sont volatilisés.

Après son décollage, vraisemblablement depuis un aérodrome en Lituanie, l’appareil doté de six sièges et volant à basse altitude a rejoint puis survolé la Pologne sans être inquiété. Ce n’est que lorsque l’appareil était au-dessus de la Hongrie que l’alerte a été donnée : il a été intercepté et suivi par des chasseurs JAS-39 Gripen de l’armée de l’air hongroise. À son entrée en Roumanie, deux F-16 américains qui étaient déjà en patrouille ont pris le relais, jusqu’à l’arrivée de deux F-16 de la force aérienne roumaine.

La Bulgarie laisse filer l’avion

Malgré l’intervention d’au moins six avions de chasse, l’avion fantôme, qui a fait une brève incursion en Serbie avant de pénétrer en Bulgarie, a ensuite été libre de ses déplacements. En effet, l’armée bulgare n’a pas envoyé d’appareils à sa rencontre. Le ministre de la Défense bulgare, Dragomir Zakov, a assuré que l’appareil « n’avait à aucun moment constitué une menace envers la population » pour justifier cette décision, plus probablement liée à la météo et à l’état de délabrement de l’aviation de chasse bulgare qui ne dispose que d’une poignée de MiG et de Soukhoï de conception soviétique. L’hypothèse d’une collusion entre les autorités bulgares et les pilotes indélicats n’est pas non plus à exclure.

Durant son périple, l’avion s’est posé au moins deux fois sur de petites pistes afin de faire le plein de carburant, vraisemblablement grâce à des bidons embarqués et transférés manuellement dans les réservoirs lors de ces arrêts sauvages. Les occupants ont ainsi menacé le personnel de l’aérodrome de Hajdúszoboszló, dans l’est de la Hongrie, qui a prévenu la police. À l’arrivée de cette dernière, l’équipage aurait rembarqué en catastrophe et mis les gaz sans respecter les procédures de décollage.

Une affaire qui « ressemble à une opération bien montée »

L’appareil a finalement été retrouvé le 9 juin, abandonné sur un terrain d’aviation désaffecté, situé à une centaine de kilomètres des côtes de la mer Noire, laquelle semble avoir été l’objectif final de ces voyageurs de l’extrême. Tous les occupants de l’avion se sont volatilisés. L’immatriculation de l’appareil a permis de remonter jusqu’à son ancien propriétaire, un officier lituanien de réserve qui a déclaré avoir vendu l’avion quelques jours plus tôt à des hommes étrangers dont l’un parlait russe. Fabriqué en 1962 aux États-Unis et inutilisé depuis 2015, l’avion était proposé à 30 000 euros sur le site spécialisé Planecheck.com. Malgré l’importance de la somme, le vendeur assure qu’il ne se souvient pas du nom des acheteurs ni de celui de leur entreprise.

« C’est une affaire très louche, qui ressemble à une opération bien montée », réagit un pilote militaire français sous le couvert de l’anonymat. « Je ne suis pas surpris (que l’avion ait pu continuer sa route, NDLR), d’autant qu’il avait décollé du territoire d’un pays membre de l’Otan », explique un autre pilote de chasse français, selon lequel cette issue est logique « si l’avion ciblé n’obtempère pas mais que personne ne donne d’ordre d’engagement ». Et dans le cas d’un petit avion non menaçant effectuant un trajet dans l’Union européenne, il est très improbable qu’une autorité politique décide d’abattre l’appareil.

Une nouvelle alerte pour l’Otan

Plusieurs hypothèses sur l’identité des intrus sont évoquées par la presse locale : une exfiltration d’oligarque, un transfert d’otage, une fuite de criminel… ou même une simple erreur, comme le pense le ministre bulgare de la Défense, piste qui semble franchement douteuse vu le nombre de chasseurs qui ont fait des signaux visuels à l’avion sur son parcours.

Trois mois après le crash sur Zagreb, en Croatie, d’un drone de fabrication soviétique (ukrainien ou russe) qui n’avait pas été détecté non plus, cet incident montre à nouveau que l’espace aérien de l’Otan est mal sécurisé. Régulièrement, des aéronefs russes testent les approches aériennes de l’Alliance et l’on ne peut que se demander combien d’entre eux réussissent à trouver des failles.

Les règles en France

En France, la police du ciel est assurée vingt-quatre heures sur vingt-quatre par l’Armée de l’air et de l’espace, qui maintient des chasseurs en alerte permanente. Les hélicoptères de la police du ciel sont capables d’intercepter de petits avions évoluant lentement et à basse altitude, ce que les Rafale et les Mirage peinent à faire.

Les « mesures actives de sûreté aérienne » (Masa, voir vidéo ci-dessous) ont été développées pour permettre aux militaires de procéder aux vérifications nécessaires et de communiquer de manière basique même en l’absence de liaison radio. Sauf s’il représente un danger immédiat, le tir de destruction contre un avion n’est pas prévu dans les procédures : l’appareil doit être accompagné puis « cueilli » à l’atterrissage par la gendarmerie des transports aériens, ou pris en charge par un pays limitrophe s’il sort de l’espace aérien national.

Source : LePoint.fr par Guerric Poncet / Photo : Piper Aztec p23
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EuroSatory 2022 : Le président Macron annonce une « réévaluation » de la loi de programmation militaire

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EuroSatory 2022 : Le président Macron annonce une « réévaluation » de la loi de programmation militaire

Macron : l’industrie de la défense doit rentrer dans une « économie de guerre »

Le président de la République Emmanuel Macron a souligné que la guerre en Ukraine obligeait non seulement à revoir la loi de programmation militaire mais aussi à s’interroger sur l’appareil de production de défense de la France et de l’Europe.

Il y avait longtemps que le Salon de l’armement terrestre et aéroterrestre Eurosatory n’avait pas reçu la visite d’un président de la République. Les images guerrières n’étaient pas conseillées par les experts de la communication politique. Mais après quatre mois de guerre de haute intensité sur le sol européen, la donne a changé. Chaque jour, l’Ukraine alerte sur la faiblesse de ses stocks d’armes et demande de l’aide pour résister à la Russie. Et la difficulté des Européens à offrir une aide – dans la durée -, devient un sujet d’inquiétude et de débat.

Aussi le président de la République Emmanuel Macron est venu inaugurer le Salon pour encourager une industrie européenne de la défense plus forte, en avertissant qu’il fallait désormais entrer dans une « économie de guerre ». Les industriels de l’armement ont l’habitude de travailler sur le temps long pour produire des petites quantités, essentiellement de matériel sophistiqué.

Mais l’énorme consommation de munitions en Ukraine et en Russie et l’ampleur des destructions, remettent en question ces petites séries et posent crûment la question des stocks.

Produire plus et moins cher

« On ne peut plus vivre avec la grammaire d’il y a un an », a insisté le président. Et d’ajouter qu’il faudra s’organiser pour produire davantage et moins cher. « Nous n’avons pas attendu les changements stratégiques pour réinvestir dans la défense », a rappelé le chef de l’Etat, mais il faut « aller plus vite, plus fort, au moindre coût », martèle-t-il.

En toute logique, le président a confié au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et au chef d’état-major des Armées, Thierry Burkhard, la tâche de réévaluer dans les semaines qui viennent la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, pour « ajuster les moyens aux menaces ». Paris a augmenté depuis 2017 ses crédits défense pour atteindre 40,9 milliards d’euros en 2022, avec un objectif de 50 milliards d’euros en 2025. L’idée est de vérifier dans un premier temps la hiérarchie des investissements à l’aune du conflit en Ukraine d’ici à 2025, et de relancer une réflexion à l’horizon 2030.

Renforcer la coopération européenne

L’armée française s’enorgueillit d’offrir un « modèle complet » : elle a tout, mais en petit nombre. En artillerie, l’armée française détient ainsi 74 systèmes d’artillerie Caesar. En donnant seulement 12 exemplaires à l’Ukraine , elle se prive de 15 % de son stock ! Une réflexion doit donc être menée sur la constitution et le niveau des stocks, sur les possibilités de réquisitions et sur la possible attribution prioritaire de matériaux en pénurie à des entreprises de défense.

Le renforcement des capacités de défense passe également par davantage de coopération européenne, a longuement insisté le président, qui rêverait d’une « préférence européenne ». On en est loin : Berlin achète en priorité des F-35 et des Chinook avec ses nouveaux moyens. « Dépenser beaucoup pour acheter ailleurs n’est pas une bonne idée », a insisté le président.
Lire aussi :

La guerre en Ukraine bouscule les professionnels de l’armement

La Commission européenne travaille sur la création de deux fonds afin d’aider les Etats européens à renforcer leur défense, ainsi que sur une possible baisse de TVA pour les achats d’armes européennes. L’un doit simplement aider en urgence les Etats qui ont donné du matériel militaire à l’Ukraine à reconstituer leurs stocks. L’autre doit inciter les 27 Etats membres à des achats groupés, afin de créer des effets d’échelle et de compétitivité pour les industriels européens.

Le sujet taxonomie

« Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne beaucoup plus forte et beaucoup plus exigeante […], sinon nous construirons les dépendances de demain », a insisté le président.

Enfin, au grand plaisir des industriels, il a aussi souligné la contradiction existante entre la volonté de renforcer la défense européenne et les projets de taxonomie de la Commission européenne , qui consisterait à exclure le secteur de l’armement de l’investissement dit « responsable ». Il s’est ainsi engagé à résister à ces projets de législation, qui sont à l’agenda européen.

Source : LesEchos.fr par Anne Bauer / Photo : Jacques Witt – SIPA
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78e anniversaire du Débarquement : Hommage au commando Kiefer…

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78e anniversaire du Débarquement : Hommage au commando Kiefer…

78e anniversaire du Débarquement : lundi 6 juin 2022 en Normandie

La Normandie a célébré le 78e anniversaire du Débarquement. La journée a notamment été marquée par la cérémonie internationale, accueillie cette année par Bernières-sur-Mer (Calvados). Partout dans la Manche et dans le Calvados, l’émotion était grande à l’heure des retrouvailles avec les derniers survivants du 6 juin 1944.

Une journée anniversaire. Le 6 juin 1944, plus de 150 000 soldats et parachutistes des Alliés débarquaient sur les plages de Normandie pour libérer la France et le continent européen de l’occupation nazie. Plus de 10 000 y ont laissé leur vie. Un tournant de la Seconde Guerre mondiale. L’opération, baptisée Overlord, est aujourd’hui considérée comme la plus grande de l’histoire.

Le retour des vétérans après deux années d’absence…

En 2020 et 2021, le Covid-19 avait joué les trouble-fêtes, empêchant l’organisation de grands événements festifs, mais aussi la venue de vétérans étrangers. Cette année, ces témoins du 6 juin 1944, dont beaucoup sont dorénavant centenaires, sont bel et bien au rendez-vous pour commémorer cette date historique et la tranche d’Histoire qui s’y est jouée.

Des retrouvailles réussies. Depuis samedi 4 juin et jusqu’à ce lundi 6 juin 2022?, les cérémonies, parachutages ou reconstitutions ont été nombreuses dans le Calvados et la Manche. Partout, les moments de communions entre vétérans et public ont été des plus émouvants. Encore ce lundi, 78 ans jour pour jour après le D-Day, notamment au cimetière américain de Colleville-sur-Mer (Calvados), mais aussi à Bernières, où s’est déroulée la cérémonie internationale. Nul doute : si les héros du D-Day sont de moins en moins nombreux, les Normands sauront se souvenir d’eux.

Source : ouest-france.fr / Photo : © Radio France – Bradley de Souza
« Dix membres du commando marine ont rendu hommage au commando Kieffer à Colleville-Montgomery ce lundi 6 juin pour le 78e anniversaire du débarquement. »

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Léon Gautier, du commando Kieffer, avec un jeune garçon à Ouistreham (photo : Martin ROCHE)

78e D-Day : l’hommage du dernier survivant du commando Kieffer à ses compagnons près de Caen

Ce dimanche 5 juin 2022 à Hermanville-sur-Mer (Calvados), Léon Gautier a assisté à la cérémonie en hommage aux troupes britanniques qui ont débarqué tout près le 6 juin 1944.

Il était attendu, et il a pu venir. À 99 ans, Léon Gautier est le dernier survivant du commando Kieffer, parmi les 177 soldats français qui ont débarqué le 6 juin 1944 sur la plage de Colleville-sur-Orne, aujourd’hui Colleville-Montgomery (Calvados).
Comme il le fait, chaque année ou presque, depuis 1969, Léon Gautier a fait, ce dimanche 5 juin 2022 le court déplacement de Ouistreham, où il réside, au cimetière britannique d’Hermanville-sur-Mer pour la cérémonie d’hommage. Près de 1 300 soldats britanniques sont inhumés sur place.

Source : actu.fr / Photo : Martin ROCHE
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Armement : Service actif pour le Suffren, sous-marin nucléaire d’attaque

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Armement : Service actif pour le Suffren, sous-marin nucléaire d’attaque

Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren enfin prêt à être admis au service actif

Quand le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren, premier d’une série qui en comptera six, fut remis à la Marine nationale, en novembre 2020, son admission au service actif promettait de se concrétiser assez rapidement. Du moins après son déploiement de longue durée [DLD], passage obligé pour tous les nouveaux navires. En effet, cette phase, que l’on peut assimiler à une période de garantie, vise à s’assurer que tout fonctionne normalement à bord d’un bâtiment et, surtout, à valider ses capacités militaires. Et ce n’est donc qu’après qu’il pourra entamer sa carrière opérationnelle.

Seulement, et alors que ses essais en mer furent menés en moins de six mois sous la supervision de Naval Group, du CEA, de TechnicAtome et de la Direction générale de l’armement [DGA], qui plus est dans un contexte rendu compliqué par la pandémie de covid-19, le Suffren a connu quelques problèmes techniques durant son DLD, dont une fuite sur l’une de ses turbines. Un souci important car, comme le confia un spécialiste au journal L’Opinion, il « limitait la puissance de manière significative » et donc « les capacités opérationnelles du sous-marin », sauf dans les « phases discrètes ».

Cela étant, il n’y avait rien d’exceptionnel : les phases de tests servent justement à découvrir des problèmes et à y remédier. Cependant, l’admission au service actif du Suffren n’a donc pu être prononcée en novembre 2021, comme prévu… alors que la Marine nationale devait alors se passer du SNA Perle, victime d’un incendie en juin 2020.

Admission au service actif du Suffren

Finalement, il aura fallu attendre huit mois pour ce nouveau sous-marin soit déclaré apte au service. En effet, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, est attendu à Brest, le 3 juin, pour « l’admission au service actif » du Suffren. L’annonce vient d’être faite par le ministère des Armées.

Que la mise en service officielle du Suffren soit effectuée à Brest peut sembler curieux étant donné que les SNA de la Force océanique stratégique [FOST] sont tous basés à Toulon. D’ailleurs, le nouveau sous-marin avait été remis à la Marine nationale par la DGA sur le site de la base varoise.

Le second SNA de la classe Barracuda, le Dugay-Trouin, devrait être mis à l’eau d’ici la fin de l’été prochain. Un préalable avant la divergence de son réacteur. Et, selon la Presse de la Manche, ses premiers essais en mer ne débuteraient qu’en fin d’année, ce qui fait qu’il sera livré à la Marine nationale, au mieux, qu’en 2023.

Pour rappel, les SNA de type Barracuda affichent une longueur de 99 mètres pour un diamètre de 8,8 mètres et un déplacement de 5.300 tonnes en plongée. Ils sont équipés des dernières technologies en matière de capacités sous-marines [automatisation, mât optronique, numérisation, recours à l’intelligence artificielle, etc]. Plus discret que ceux de la classe Rubis, et aussi plus manœuvrables, grâce aux barre en X de leur appareil à gouverner, ils peuvent naviguer à une profondeur supérieure à 300 mètres. Enfin, ils emportent des missiles de croisière navale [MdCN], des missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, des torpilles lourdes filoguidées F-21 et des mines.

Source : Zone Militaire – Laurent Lagneau / Photo : ©Axel Manzano – Marine Nationale
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Le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque de classe Barracuda de la marine française, le Suffren, à quai dans la rade de Toulon, le 6 novembre 2020. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Défense : l’entrée en service du sous-marin Suffren « illustre le renouvellement très attendu des forces sous-marines françaises »

Le Suffren, qui entrera en service actif vendredi, « change la donne » pour la capacité militaire de la France, explique le journaliste Vincent Groizeleau.

Le premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français de nouvelle génération, le Suffren, qui entrera en service actif vendredi 3 juin à Brest, « illustre le renouvellement très attendu des forces sous-marines françaises », a expliqué jeudi 2 juin sur franceinfo Vincent Groizeleau, rédacteur en chef du site meretmarine.com, site spécialisé dans l’actualité maritime. Le Suffren « change la donne » pour la capacité militaire de la France. En termes de dissuasion, « la Marine française re-rentre vraiment dans le meilleur du jeu mondial », souligne Vincent Groizeleau.

En quoi ce sous-marin est-il différent des autres ?

Vincent Groizeleau : Il illustre très clairement le renouvellement très attendu des forces sous-marines françaises. Jusqu’ici, la Marine avait des sous-marins qui datent pour les plus anciens – les sous-marins d’attaque – du début des années 1980. Donc il devenait urgent de les remplacer. Cette nouvelle génération, six nouveaux bâtiments qui vont remplacer les anciens, sont carrément d’une autre gamme. On ne joue vraiment plus dans la même cour. On a des bateaux qui sont plus grands, plus puissants, beaucoup plus discrets, avec plus de capacité d’armement, qui peuvent faire beaucoup plus de choses, par exemple en termes d’opérations spéciales ou en termes d’action vers la terre.

Ce seront les premiers sous-marins français qui disposeront de missiles de croisière, c’est-à-dire qu’en plongée, ils pourront tirer des missiles comme le fameux Tomahawk américain. Là, c’est le MDCN qui est fabriqué par MBDA dans le centre de la France. Ces missiles-là pourront toucher des cibles terrestres à 1 000 km de portée. Donc en zone de sécurité, par exemple en plein milieu de la Méditerranée, le sous-marin pourra tirer des missiles de croisière très loin contre des cibles terrestres. Et ça, c’est vraiment quelque chose qui change la donne. La Marine française n’est pas la seule à disposer de cette capacité. Il y a très peu de marines qui l’ont. Cela va vraiment changer beaucoup de choses.

Est-ce qu’il est déjà opérationnel ?

Il est opérationnel. C’est le premier d’une série. Il faut comprendre qu’un sous-marin nucléaire, c’est à peu près ce que l’homme sait faire de plus compliqué. Il y a une seule chose qui est encore plus compliquée que le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), c’est le sous-marin nucléaire lanceurs d’engins (SNLE). Ce sont les quatre gros sous-marins que l’on a basés à Brest et qui assurent à eux seuls le gros de la dissuasion nucléaire française. Il y en a un en permanence à la mer. À bord, il y a 16 missiles. Ce sont des missiles intercontinentaux avec des têtes nucléaires. C’est ce qui fait que la France a une dissuasion, en plus, évidemment de la composante aérienne de l’armée de l’air ou de la marine sur le Charles de Gaulle.

Le Suffren est très compliqué. Il a fallu beaucoup de temps pour le mettre au point. C’est un bateau qui a été livré à la fin de l’année 2020. Il a fallu des mois pour le mettre au point, faire quelques mesures correctives, vérifier que ses capacités telles qu’elles ont été imaginées il y a plus de 15 ans étaient bien au rendez-vous. Donc oui, maintenant il est prêt à la mission, il est prêt au combat. Et dès demain, il peut partir, que ce soit en Méditerranée, en Atlantique ou à l’autre bout du monde. Parce que l’énorme avantage de ces sous-marins à propulsion nucléaire, c’est leur autonomie. Et comme l’a démontré la Marine nationale l’année dernière, aucune mer ne peut lui échapper. Elle a été capable d’envoyer un SNA dans le Pacifique en 2021. Donc, on peut dès demain envoyer ce bateau où l’on veut.

Est-ce que cela augmente de manière significative la force de dissuasion de la France ?

Dissuasion, oui au sens conventionnel du terme, pas nucléaire, bien évidemment. Parce que ces sous-marins sont à propulsion nucléaire, mais ne portent pas d’armes nucléaires comme les SNLE. Les sous-mariniers ont tendance à dire, il y a deux types de bateaux : les sous-marins et les cibles. Pour un navire de commerce ou un bâtiment militaire, le sous-marin, c’est une hantise, particulièrement ce type de sous-marins de nouvelle génération, extrêmement discrets, très difficilement détectables. Donc là, effectivement, la Marine française re-rentre vraiment dans le meilleur du jeu mondial.

Source : FranceTVinfo.fr / Photo : NICOLAS TUCAT / AFP
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