G5 Sahel : Opération Barkhane « Une guerre sans fin » ?

INFO & ACTUALITÉ

G5 Sahel : Opération Barkhane « Une guerre sans fin » ?

Opération Barkhane : « On a l’impression d’être confronté à une guerre sans fin »

Les présidents du G5 Sahel et Emmanuel Macron doivent se réunir, ce lundi, lors d’un sommet pour faire le point sur la lutte anti-djihadiste dans la région.

La France est confrontée à des interrogations croissantes sur l’opération Barkhane, financièrement et humainement coûteuse.

Selon un sondage réalisé début janvier, la moitié des Français désapprouvent l’intervention française au Mali. Pour Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri, « l’opération Barkhane a atteint ses limites ».

Restera, restera pas ?

Les présidents du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et Emmanuel Macron doivent s’entretenir, ce lundi, lors d’un sommet pour faire le point sur la lutte antidjihadiste dans la région, où la France intervient depuis 2013 par le biais de l’opération « Barkhane ».

Face aux interrogations croissantes des élus et de l’opinion publique sur l’engagement de la France, financièrement et humainement très coûteux, la question de la poursuite de l’opération pourrait se poser. Quel est l’enjeu de ce sommet ? La France envisage-t-elle de retirer ses troupes ? Pourquoi l’opinion publique est-elle si réticente ? 20 Minutes a interrogé Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri.

Quel est l’enjeu de ce sommet ?

Il est évident que les pays du Sahel espèrent que l’engagement militaire, dont celui de la France, continue et s’intensifie. Côté français, le gouvernement espère que son action sera saluée, mais également que les pays du G5 s’engagent davantage dans la lutte, militairement mais aussi politiquement.
L’opération Barkhane, engagée par la France en 2013, a-t-elle été efficace ?

L’opération Barkhane a atteint ses limites. Si elle avait pleinement rempli son rôle, la France y aurait mis un terme et profiterait du sommet pour annoncer son retrait. Mais au lieu de se réduire, le conflit s’étend géographiquement. Il a commencé en 2013 au nord du Mali, il s’est désormais étendu à l’ensemble du pays, à l’ouest du Niger, au nord du Burkina Faso. On a été incapable de le circonscrire géographiquement.

Au Mali et au nord du Burkina Faso, ce conflit s’est même amplifié et a muté en guerre civile, il y a eu des violences interethniques très importantes ces deux dernières années. On est plus seulement face à un combat de l’armée française contre les djihadistes mais à un théâtre de conflits qui devient pluriel, dont certains remettent en cause l’unité nationale des pays concernés.
La France envisage-t-elle de retirer ses troupes ?

Non, la France ne retira pas l’ensemble de ses troupes mais elle devrait annoncer une réduction purement symbolique, que je qualifie de « cosmétique ». L’annonce de l’envoi de 600 militaires supplémentaires en février dernier, les faisant passer de 4.500 à 5.100, était déjà « cosmétique ». Il se peut même que cette réduction concerne les 600 militaires arrivés dernièrement.

Quelles sont les stratégies de la France ?

La France privilégie deux stratégies. D’abord la « sahélisation », c’est-à-dire le passage du témoin aux armées nationales locales. Il faut que l’action des pays du G5 soit efficace, qu’ils puissent prendre la place de la France, que leurs armées soient opérantes. Pour ça, la France forme l’armée malienne avec l’Union européenne, par le biais de l’EUTM Mali. Ensuite, c’est « l’européanisation » de l’opération avec le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, lancé cet été, auquel participent plusieurs dizaines d’Estoniens, de Tchèques et de Suédois. Il faut que cette force monte en puissance, mais actuellement elle a des effectifs très faibles.

L’armée française revendique d’avoir sérieusement affaibli l’organisation Etat islamique (EI).
L’envoi de troupes supplémentaires a donc eu un effet ?

Visiblement non. Le conflit s’est étendu, ça veut bien dire que la menace est toujours présente. La politique d’élimination ciblée que la France a choisie ne mettra pas fin au djihadisme. On l’a d’ailleurs bien vu au Moyen-Orient ou en Afghanistan. On a tué des djihadistes, mais ils ont immédiatement été remplacés. Ce n’est pas cette politique qui va marcher, elle ne permettra pas de mettre fin au conflit. C’est tout le problème de la lutte contre le djihadisme, et pas uniquement au Sahel, on a l’impression d’être confronté à une guerre sans fin.
Selon un sondage réalisé par l’Ifop début janvier, la moitié des Français désapprouvent l’intervention française. Pourquoi ?

Il y a plusieurs raisons. D’abord, les Français ont l’impression que c’est une guerre sans fin, que cette opération ne résoudra pas le problème. Ensuite, cette intervention est humainement et financièrement très coûteuse. Une cinquantaine de soldats ont été tués depuis 2013. L’opération, quant à elle, coûte plus d’un milliard d’euros chaque année.

Cette opération a également un aspect qui rappelle le néocolonialisme. Au 21e siècle, la France joue encore au gendarme en Afrique. Notre engagement au Sahel a été présenté par les gouvernements comme une opération extérieure, avec un début et une fin. Mais les Français se rendent compte que ce n’est pas une opération, mais une guerre, on est impliqués dans la durée, on ne voit pas de perspective de sortie de cette guerre.

Le dernier point, c’est la lutte contre le terrorisme. Notre engagement au Sahel aurait dû avoir un effet sur la menace terroriste en France. Mais huit ans après, elle est toujours là. Sauf que les dernières attaques terroristes ont été réalisées par des personnes qui n’étaient pas originaires du Sahel, un Russe d’origine tchétchène pour Samuel Paty, un Tunisien pour l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice. Ça pose question pour les gens.

Le terrorisme au Sahel est-il vraiment une menace pour la France ?

Source : 20minutes.fr – Manon Aublanc / Image : Pascal Guyot – AFP
Interview de Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri estime que « l’opération Barkhane a atteint ses limites »

* * *

Commentaires

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...

Covid – Terrorisme : Recrudescence possible d’attentat en fin d’épidémie ?

INFO & ACTUALITÉ

Covid – Terrorisme : Recrudescence possible d’attentat en fin d’épidémie ?

Les services anti-terroristes redoutent une série d’attaques de Daech après la levée des restrictions sanitaires

Quand l’épidémie de covid-19 a commencé à se répandre, les dirigeants de l’État islamique [EI ou Daech] y ont d’abord vu un « punition divine de l’arrogance et de l’impiété ». Mais comme le coronavirus ne s’attaque pas aux individus en fonction de leurs croyances, ils ont bien été forcés de revoir leur jugement.

Cela étant, d’après le dernier rapport de l’équipe analytique de surveillance et de suivi des sanctions prises par les Nations unis à l’égard de la mouvance jihadiste, Daech a ensuite envisagé une « militarisation » du virus, qui aurait consisté à envoyer des militants infectés pour contaminer ses « adversaires ». Mais cela n’a, a priori, pas été suivi d’effet.

Reste que les mesures sanitaires [restrictions dans les déplacements, confinements, couvre-feu, etc] ont compliqué les opérations de Daech, ses membres ne pouvant « pas facilement se déplacer, se réunir, lever des fonds ou opérer dans des zones de non-conflit », ce qui s’est traduit, note le rapport, par des « difficultés encore plus grandes en matière de planification par le groupe d’attaques à fort impact. » Ce qui n’a toutefois pas empêché des attaques isolées, comme l’ont malheureusement montré l’assassinat de Samuel Paty, l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo ainsi que celles commises à Nice et à Vienne [Autriche].

Aussi, et « tandis qu’un nombre record de personnes soumises à des restrictions de mouvement ont passé plus de temps en ligne », l’équipe de suivi estime que Daech en a profité pour diffuser sa propagande.

« Pendant cette période, des menaces peuvent s’accumuler sans être décelées et se manifester en temps voulu », affirme le rapport. Et, selon lui, les États membres « estiment que Daech prévoit de mettre fin à sa marginalisation dans les médias et compte, au fur et à mesure que les restrictions s’assoupliront en divers lieux, mener une série d’attaques qu’il aura planifiées », que ce sont dans les zones de conflit ou dans celles de non-conflit.

Ces dernières pourraient même être davantage exposées à la menace, la pression économique et politique de la pandémie portant à croire que la menace va « également croître à plus long terme », est-il expliqué dans le document.

Toujours selon ce rapport, la « direction générale des provinces » de Daech est « essentielle pour revitaliser les capacités du groupe à mener des opérations extérieures. »

« Mieux les provinces éloignées sont établies, et plus les zones de conflit dans lesquelles bon nombre de combattants sont insérés deviennent instables, plus la menace extérieure éventuelle acquiert de
l’importance. Il existe des synergies entre les zones de conflit et les zones de non-conflit, de sorte que si l’on ne s’occupe pas des premières, la sécurité à long terme dans les secondes diminuera », explique l’équipe de suivi des Nations unies, pour qui la « menace dirigée et activée par Daech s’accentuera en toute probabilité si elle n’est pas écartée au moyen d’une pression antiterroriste constante. »

En attendant, la menace principale vient des individus isolés et auto-radicalisés, d’autant plus qu’il est compliqué de les surveiller et d’enquêter à leur sujet.

Des États membres, relate le rapport, ont « noté qu’un individu pouvait se joindre à des réseaux de migrants clandestins et commettre une attaque en Europe en un laps de temps très court, mettant à profit les mouvements d’Afrique du Nord, l’échec de la gestion des migrants clandestins débarquant dans des ports d’Europe, et l’absence de refoulement de ces derniers vers les ports d’origine. » En outre, poursuit-il, le « rôle des diasporas est également fondamental, du fait qu’elles peuvent accueillir les nouveaux venus et assurer la liaison avec des éléments extrémistes dans le pays d’origine. »

Enfin, au regard des dernières attaques commises en France, en Allemagne et en Autriche, des tendances « inquiétantes » ont été décelées par « des États membres européens. »

« Spontanéité et l’absence de préparation… brutalité… »

Et le rapport de citer le « mécontentement d’individus qui sont souvent isolés, même s’ils font partie d’un milieu radical, la « mondialisation des motivations et des références à des chefs mondiaux, qui sont éloignés des doléances locales », « l’absence de compétences techniques avancées parmi les assaillants », la « spontanéité et l’absence de préparation » ainsi que la « brutalité, notamment de jeunes assaillants qui n’ont pas l’expérience d’une violence extrême et agissent avec une grande cruauté, sans manifester d’émotion. »

En outre, il est fait également état d’un autre problème auquel sont confrontés les services anti-terroristes : celui de l’évolution rapide, de la complexité et du nombre d’outils numériques dont disposent les groupes terroristes, notamment via le Dark Web et les messageries chiffrées.

« Pour établir une distinction entre des attaques commanditées, facilités ou encouragées par Daech, il faut mener des enquêtes plus longues que par le passé », relève l’équipe de suivi. Et l’on s’aperçoit ainsi que beaucoup d’attaques a priori commises par des individus isolés avaient en réalité été « facilitées par d’autres individus ou réseaux terroristes au moyen de la fourniture d’armes, de voitures ou de fausses pièces d’identité, entre autres », conclut-elle.

Source : Zonemilitaire.fr – Laurent Lagneau / Image : SL –  actu.fr Paris

* * *

Commentaires

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...

Narine nationale : Le sous-marin nucléaire d’attaque Emeraude en mer de Chine…

INFO & ACTUALITÉ

Narine nationale : Le sous-marin nucléaire d’attaque Emeraude en mer de Chine…

UN SNA FRANÇAIS PATROUILLAIT EN MER DE CHINE MÉRIDIONALE.

Le sous-marin nucléaire d’attaque Emeraude vient d’achever sa patrouille Marianne en Mer de Chine.

Elle a permis d’enrichir notre connaissance de cette zone et de mieux appréhender l’enjeu stratégique sous-marin de ces eaux.

«La France déploie, pendant huit mois et jusqu’à plus de 15 000 km de la métropole, un sous-marin nucléaire d’attaque, l’Emeraude, et un bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain, La Seine, à travers l’océan Indien, le Pacifique et la Mer de Chine. Cette mission hors norme, baptisée “Marianne”, témoigne des capacités de la Marine nationale à se déployer loin et longtemps, sur toutes les mers du globe, en coopération avec nos alliés, comme le Japon, l’Australie ou les Etats-Unis ».

Dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc (formation des officiers), « un groupe amphibie articulé autour du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre naviguera jusqu’au Japon » dans les prochains mois.
Une autre préoccupation, plus traditionnelle, est avancée par la France pour décrire la patrouille de l’Emeraude : il s’agit de la « manifestation de l’attachement de la France au respect des principes du droit de la mer ».

Les sous-marins peuvent naviguer librement dans les eaux internationales, y compris les Zones économiques exclusives, mais en revanche ils doivent être en surface et arborer le pavillon national dès lors qu’ils sont dans les eaux territoriales d’un Etat.

Source : photo Sipa Press

* * *

Commentaires

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...

Armement : Les missiles antichars

INFO & ACTUALITÉ

Armement : Les missiles antichars

ÇA BOUGE DANS LES MISSILES ANTICHARS

Le début de l’année a été marqué par une forte activité des fabricants de missiles antichars. Comme la lance dans sa lutte contre la cuirasse, ces armements ne cessent de se perfectionner pour être plus efficaces mais aussi offrir de nouvelles possibilités d’emploi. Les innovations évoquées dans les lignes ci-dessous ne concernent pas la charge militaire du projectile ni ce dernier mais plutôt son environnement et ses conditions d’emploi. Même si le char demeure l’ennemi principal du char, les tirs réalisés ces derniers jours montre si besoin était que les armes antichars sont en constante évolution et devraient continuer de représenter une menace majeure pour les blindés dans les années à venir.

MMP des Forces Terrestres

Alors que la qualification des servants des unités des Forces Terrestres se poursuit au sein du 1er Régiment de Chasseurs à Canjuers, c’est sur le même site que MBDA a réalisé une série de tirs qui ont confirmé les nouvelles perspectives d’emploi du MMP. Les tirs effectués au début du mois ont permis de mettre en œuvre le système d’imagerie utilisant une intelligence artificielle pour la reconnaissance des cibles développé par MBDA et la start-up française Kaltray. La semaine dernière MBDA a fait appel une nouvelle fois à une technologie innovante en utilisant un drone Novadem pour la désignation d’objectif, dans le cadre du programme européen LynkEUs.

Le MMP avait été sélectionné en juillet dernier pour ce programme visant à doter les unités et les engins européens d’une capacité antichar unique développée autour du MMP. Au cours de ce tir, les coordonnées de l’objectif situé en dehors du champ visuel du tireur ont été transmises au poste de tir depuis le drone Novadem. Durant le vol du missile, l’opérateur a pu verrouiller ce dernier sur l’objectif grâce aux images reçues depuis le missile qui a atteint et détruit la cible.

Tir MMP avec drone Novadem

Le dernier tir réalisé par les équipes de MBDA cette semaine a été effectué à partir d’un tourelleau Impact. Cet équipement, présenté en 2016 à Eurosatory sur un PVP de Panhard a été développé par le missilier pour équiper les véhicules légers. Le tir effectué en mode « fire and forget » à partir d’un véhicule 4×4 a permis la destruction d’un objectif mobile évoluant à une distance de 3500 m. Le tourelleau Impact intègre les mêmes capteurs que la version fantassin du poste de tir, avec deux missiles MMP et une mitrailleuse de 7.62mm, l’ensemble pesant 250kg.

Tir MMP depuis le tourelleau Impact

Avec les tirs réalisés ces derniers jours à Canjuers, le Missile Moyenne Portée élargit ses possibilités d’emploi pour permettre sa mise en œuvre à partir d’un grand nombre de plateformes de gabarit et de type différents.

La concurrence principalement représentée par le missilier israélien Rafael tente également de diversifier son offre en installant le poste de tir du Spike LR sur de nouvelles plateformes comme réalisé en Slovénie cette semaine. Les forces armées de ce pays ont effectué le tir d’un missile Spike LR2 à partir d’un équipement de type Remote Weapon Station (RWS) montée sur un Joint light Tactical Vehicle (JLTV) équipant ces forces. Cet équipement développé par Kongsberg intègre un lanceur Spike ainsi qu’une mitrailleuse de 12.7mm.

Spike sur JLTV

Les missiles antichars sont de plus en plus souvent intégrés aux tourelles des nouveaux engins de combat ou proposés dans le cadre de la modernisation d’un parc comme le montre la revalorisation des CV9035 néerlandais. A côté de ces équipements lourds, les industriels du secteur développent également des RWS de plus en plus légères, armées d’un canon de 25mm et d’un missile antichar. Ce dernier est le plus souvent de type Javelin comme on peut le voir sur les RWS EOS ou Kongsberg.

L’intégration de missiles plus lourds comme le Spike LR ou le MMP n’est qu’une question de temps, ce qui pourrait permettre à la France de développer un produit basé sur le canon Nexter de 25 mm associé à un lanceur MMP. L’ARX 25 existe déjà en tant que plateforme téléopérée, l’ajout d’un missile MMP la rendrait encore plus séduisante et attractive pour des pays souhaitant acquérir un équipement ITAR-free et dont les composants sont combat-proven. Au sein de l’armée française, le développement d’une telle plateforme permettrait de réarmer certains de nos engins trop faiblement armés face aux engins en service dans certains pays.

Source : blablachars.blogspot.com 01/2021 / Image : Wikipedia.fr

* * *

Commentaires

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...

DEBAT : Le droit européen une menace pour la cohésion de l’armée française ?

INFO & ACTUALITÉ

DEBAT : Le droit européen une menace pour la cohésion de l’armée française ?

Plaidoyer de Jean-Louis Borloo :

«Ne laissons pas le droit européen menacer la cohésion de l’armée française!»

Hier, l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a plaidé pour que la directive 2003/88/CE relative au temps de travail s’applique aux membres des forces armées, arguant qu’un militaire était à tout bien considéré, un travailleur comme un autre.

 

Le militaire… un travailleur comme un autre !?

 

Si la Cour de justice de l’Union européenne devait suivre ses conclusions, cela s’imposerait à la France qui, depuis longtemps, a expliqué que la directive ne saurait s’appliquer aux forces armées, clef de voûte de la souveraineté nationale. Il s’agirait d’une incroyable et insupportable atteinte à celle-ci et de la remise en cause par la juridiction européenne du principe constitutionnel qui donne au chef de l’État, en France, «la libre disposition des forces armées», pour qu’il assure l’indépendance de notre pays.

La non-transposition par la France de la directive en ce qui concerne ses forces armées se justifie pleinement, car l’état militaire est très spécifique. Disponibles «en tout temps et en tout lieu», prêts à aller jusqu’au sacrifice suprême, astreints à une obligation de discipline et de solidarité renforcée, les militaires bénéficient d’un statut propre, protecteur des hommes et de la singularité du métier.

Le prix d’une transposition de la directive sur le temps de travail serait la perte de l’efficacité de nos armées, mais aussi la remise en cause de l’esprit militaire

Toujours susceptibles d’être confrontées à des adversaires dangereux et résolus, nos armées doivent s’y préparer et il est leur est tout simplement impossible de s’accommoder du prêt-à-porter de la directive: décompte individuel du temps, limitation forte du travail de nuit, planification rigide de l’activité et nécessité d’un accord préalable de chaque personne pour la faire évoluer, décompte précis des récupérations, etc.
Le prix d’une transposition de la directive serait la perte de l’efficacité de nos armées, mais aussi la remise en cause de la sécurité de nos soldats et de cette donnée essentielle à la cohésion et la supériorité de nos forces, l’esprit militaire.

L’armée française n’a pas d’équivalent au sein de l’Union européenne à 27. Armée professionnelle, aux capacités très intégrées, elle est désormais la seule grande armée d’intervention et nos militaires sont régulièrement projetés sur des théâtres d’opérations extérieures, au service du rétablissement de la paix et de la sécurité internationales.

Pour être en mesure au Sahel de combattre l’hydre islamiste jour et nuit, sept jours sur sept, dans des conditions très difficiles (chaleur extrême, vents de sable, immensités désertiques, menaces permanentes, attaques de nuit, etc.), les hommes et les femmes de l’armée française ont été formés, entraînés et, in fine, préparés opérationnellement dans les mois précédant leur engagement. «Entraînement difficile, guerre facile» dit-on dans les armées. Ils ne s’entraînent pas pour le plaisir, mais pour être prêts à servir en opération, dans tous types de conflits et dans tout type d’environnement. Pour porter haut les couleurs de la France et pour ne jamais faire défaut à leurs camarades. C’est bien dans l’entraînement difficile et la discipline que se forgent les corps et les caractères des soldats et le fameux «esprit de corps», qui les unit, gage de l’unité d’action au combat.

Et ces caractéristiques – préparation, cohésion, disponibilité, primauté donnée à la mission – assumées par les chefs militaires, sont tout aussi indispensables pour affronter de nouvelles menaces chaque jour plus tangibles, dans le cyberespace comme en haute mer, et sur le territoire national où nos militaires assument, dans le cadre de la mission Sentinelle, une responsabilité essentielle de protection de nos concitoyens.

Servir volontairement la France sous les drapeaux n’a jamais été et ne saurait être «un travail» comme un autre, mais une vocation, la réponse à un appel à tout donner à son pays, jusqu’à sa propre vie. C’est ce qui fait la grandeur et la noblesse de l’engagement militaire. Charge à notre pays de le rendre à ses soldats, en veillant à leur verser de justes soldes, à les doter d’équipements les plus performants et à offrir à leurs familles des conditions matérielles de vie décentes.

Ce n’est clairement pas à la Cour de justice de l’Union européenne, mais bien entendu aux chefs de l’armée française qu’il revient de veiller au repos, au moral et à la santé de leurs hommes. Il s’agit en toutes circonstances, qu’ils puissent «être et durer». L’Union européenne a quant à elle d’autres missions éminentes à relever et la Cour de justice de l’Union européenne ne lui rendrait pas service en s’immisçant dans le cœur de la souveraineté et de la sécurité nationale, que les traités réservent aux seuls États membres.

Aussi importe-t-il au plus haut point que le président de la République et le gouvernement s’engagent sans esprit de recul dans la défense de cette singularité et que la Cour de justice de l’Union européenne et la Commission européenne reconnaissent que cette directive, quel qu’en soit le bien-fondé par ailleurs, ne s’applique tout simplement pas aux forces armées. Il y va de la souveraineté non négociable de la France et de l’intérêt bien compris de l’Union européenne.

Source : Lefigaro.fr / Image : UE – Drapeau européen

* * *

Commentaires

FNCV

Les combattants volontaires d’hier et d’aujourd’hui préparent ceux de demain...